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Hage,
Rawi.
1.
Parfum
de
poussière.
Éd.
Alto,
2007,
355
p.
La
Guerre
civile
du
Liban
La
guerre
civile
au
Liban
a
opposé
les
chrétiens
aux
musulmans.
Les
deux
jeunes
protagonistes
appartiennent
à
la
faction
chrétienne
de
Beyrouth.
Malgré
les
bombes
qui
réduisent
leur
quartier
à
des
amas
de
poussière,
ils
tentent
de
tirer
leurs
marrons
du
feu
en
volant
l'argent
des
machines
de
jeux
ou
en
vendant
de
la
drogue.
Rien
ne
peut
rompre
les
activités
illicites,
même
quand
les
attaques
sournoises
menacent
la
vie
de
la
population.
L'argent
n'est
pas
seulement
le
nerf
de
la
guerre,
c'est
aussi
celui
de
la
survie.
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Ils
sont
chanceux
de
s'en
tirer
à
aussi
bon
compte.
L'insouciance
de
leur
âge
les
porte
à
défier
la
fatalité,
mais
voir
leurs
parents
et
leurs
connaissances
mourir
l'un
après
l'autre
en
innocentes
victimes
les
amène
à
se
questionner
sur
leur
conduite
délinquante.
Devant
ce
conflit
qui
s'éternise
sonne
alors
l'heure
des
choix
:
combattre
ou
partir.
Bassam
ne
se
reconnaît
plus
dans
son
pays
alors
que
l'on
accourt
de
partout,
en
l'occurrence
de
la
Syrie,
de
l'Afrique,
d'Israël
pour
prêter
main-forte
aux
différents
clans.
Il
devient
ainsi
indifférent
à
la
cause
de
la
chrétienté
libanaise.
Dans
ce
contexte,
il
ne
trouve
pas
mieux
que
de
fuir
sans
papiers
vers
la
France
tandis
que
son
ami
Georges
s'engage
dans
la
milice.
L'exil
n'est
pas
une
panacée.
Bassam
se
retrouve
aussitôt
dans
la
lorgnette
de
ses
compatriotes
établis
à
Paris,
qui
espèrent
le
convertir
à
la
cause
en
combattant
l'ennemi
de
l'extérieur.
Son
destin
dépend
de
nouveau
de
visées
étrangères
à
sa
volonté.
Pour
protéger
son
intégrité,
il
doit
revenir
à
la
case
départ
:
quitter
ou
rester
L'écriture
très
pédagogique
rend
limpide
les
aléas
d'une
guerre
civile
vécue
au
quotidien.
L'auteur
ne
s'arrête
pas
à
la
psychologie
de
ses
personnages
et
aux
enjeux
politiques
qui
s'affrontent.
Il
éclaire
plutôt
le
comportement
que
l'on
adopte
en
période
de
crise.
Son
œuvre
ne
répond
pas
cependant
à
toutes
les
normes
de
l'art
romanesque.
Elle
emprunte
plutôt
la
voie
de
la
chronique
des
incidents
qui
ont
poussé
son
alter
ego
à
quitter
le
Liban.
Ce
récit
simple
ne
manque
pas
de
lyrisme.
Les
envolées
poétiques
tissent
de
longues
énumérations
pour
rendre
compte,
parfois
avec
un
certain
humour,
de
la
vie
en
accéléré
des
personnages,
obligés,
par
exemple,
d'abandonner
leurs
animaux
de
compagnie
:
"
Toutous
orphelins,
bichons
de
luxe
dressés
à
être
propres,
bassets
portant
prénom
français
et
nœud
papillon
rouge,
caniches
frisés
au
pedigree
impeccable,
cabots
chinois
ou
génétiquement
modifiés,
clébards
incestueux
agglutinés
en
bandes
qui
couraient
les
rues
par
dizaines,
unis
sous
le
commandement
d'un
bâtard
charismatique
à
trois
pattes.
"
Moins
achevé
que
La
Danse
d'Issam
de
Paule
Noyart
sur
le
même
sujet,
Parfum
de
poussière
de
Rawi
Hage
illustre
quand
même
très
bien
la
folie
de
la
guerre.
Né
à
Beyrouth,
l'auteur
habite
aujourd'hui
à
Montréal.
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2.
Le
Cafard.
Éd.
Alto,
2009,
389
p.
L'Hiver
d'un
exilé
à
Montréal
Rawi
Hage
est
un
Libanais
bien
établi
à
Montréal.
La
ville
d'ailleurs
sert
de
décor
à
son
roman.
On
s'y
reconnaît
aisément.
Les
rues
empruntées
par
les
personnages
nous
sont
familières
et
nous
transportent
dans
un
univers
fréquenté
par
les
immigrants,
qui
s'assemblent
dans
les
bars
de
la
Main
Street,
rue
St-Laurent,
pour
fraterniser
entre
exilés.
Les
mots
des
uns
adoucissent
les
maux
des
autres.
|
Des
chroniqueurs
ont
comparé
cette
œuvre
à
celle
de
grands
auteurs
comme
La
Métamorphose
de
Kafka
ou
La
Faim
de
Knut
Hamsun.
Le
roman
de
Rawi
Hage
ressemble
plutôt
aux
Contes
des
mille
et
une
nuits.
Comme
Schéhérazade,
le
protagoniste
se
raconte
des
histoires
pour
ne
pas
s'enlever
la
vie.
D'ailleurs,
il
a
tenté
de
se
pendre
à
un
arbre,
mais
la
branche
n'était
pas
assez
haute
pour
causer
sa
perte.
Son
geste
lui
a
valu
d'être
interné
pour
troubles
mentaux.
À
sa
sortie
de
l'hôpital,
il
fut
soumis
à
un
suivi
par
une
psychologue.
Obliger
de
se
confesser
ne
fait
pas
partie
du
rituel
de
la
culture
du
héros.
Même
si
Geneviève,
la
psy,
éprouve
une
grande
empathie
pour
son
cas,
ce
n'est
pas
suffisant
pour
délier
la
langue
de
son
patient.
Tout
de
même,
elle
réussit
à
lui
arracher
des
bribes
de
sa
vie,
en
particulier,
à
dénouer
les
liens
qui
l'unissent
à
sa
famille.
Si
on
a
quitté
un
pays,
ce
n'est
pas
parce
qu'on
y
était
heureux.
Et
oublier
ses
malheurs
permet
de
surnager,
surtout
quand
la
violence
était
au
menu
du
quotidien.
Vivre
dans
un
monde
de
fusillades
oblige
à
se
métamorphoser
en
coquerelle
ou
cafard,
comme
le
précise
le
titre,
pour
se
cacher
de
ses
bourreaux
que
le
roman
décrit
dans
ce
qu'ils
ont
de
plus
abject.
Le
héros
est
quand
même
curieux
de
les
connaître
pour
mieux
les
combattre,
voire
de
les
suivre
et
de
s'introduire
dans
leur
domicile
pour
s'accaparer
de
ce
qui
pourrait
l'aider
à
se
venger
de
l'injustice
dont
il
est
victime.
L'art
de
voler
enrichit
l'arsenal
de
celui
qui
veut
profiter
des
armes
de
l'ennemi.
Et
si
c'est
un
revolver,
gare
aux
indésirables.
Mais
quand
on
n'a
pas
l'âme
d'un
tueur,
on
reste
aussi
vulnérable.
Il
faut
du
guts
pour
se
glisser
dans
la
peau
d'un
meurtrier.
Le
roman
s'attache
à
cet
univers
glauque
qui
confronte
les
exilés.
On
ne
leur
fait
pas
de
quartier
et,
confinés
à
des
logements
miteux,
il
faut
de
la
résilience
pour
affronter
l'adversité
qui
attend
ceux
qui
se
sont
choisi
un
pays
d'adoption.
L'auteur
a
réussi
un
bon
coup
en
transplantant
son
décor
à
Montréal
en
hiver.
Les
rigueurs
de
la
saison
s'arriment
bien
aux
états
d'âme
des
personnages.
La
neige
qui
se
durcit
devient
un
traquenard
pour
les
piétons
autant
que
l'exil
peut
en
être
un
pour
les
immigrants.
La
comparaison
est
fort
judicieuse.
Le
plus
important
de
l'oeuvre,
c'est
l'attachement
de
l'auteur
au
profil
psychologique
de
ses
protagonistes.
Il
les
montre
dans
toute
leur
vulnérabilité,
voire
dans
leur
folie
pour
se
créer
un
monde
et
dans
leurs
mensonges
pour
éviter
le
couperet.
Le
roman
évite
la
dichotomie
religieuse.
Avec
aplomb,
il
décrit
uniquement
l'âme
de
gens
qui
tentent
d'être
heureux,
d'aimer
et
d'être
aimés
où
ils
ont
choisi
de
vivre
avec
une
tuque,
des
mitaines
et
des
combines.
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