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Beaudoin,
Myriam.
33,
chemin
de
la
Baleine.
Éd.
Leméac,
2009,
190
p.
La
Folie
de
l'amour
Onil
Lenoir,
un
écrivain
renommé,
se
réfugie
au
33,
chemin
de
la
Baleine
à
l’Île-aux-Coudres
pour
écrire
un
roman.
Nouveau
marié,
il
laisse
sa
femme
Éva
à
Montréal,
qui
peut
compter
sur
une
domestique
pour
la
tenue
de
maison.
Libre
des
travaux
qui
confinaient
la
femme
d’hier
à
sa
cuisine,
elle
emploie
son
temps
à
se
doter
d’une
culture
qui
lui
manque
grandement
pour
fréquenter
aisément
les
amis
de
son
mari,
facilement
reconnaissables
même
s’ils
sont
évoqués
discrètement,
comme
ce
Claude-Henri,
auteur
probable
d'Un
homme
et
son
péché.
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Issue
d’un
milieu
humble,
Éva
est
devenue
couturière
dans
une
manufacture
avant
de
rencontrer
son
mari,
un
homme
affranchi
de
l’Église.
Ils
se
sont
tout
de
même
mariés
devant
un
prêtre
même
si
Onil
a
interdit
à
sa
dulcinée
toute
pratique
religieuse.
Sacrilège
s’il
en
est
un
au
Québec
en
1953
!
L’interdiction
est
d’autant
plus
ressentie
qu’Éva
a
été
élevée
dans
une
famille
très
religieuse
originaire
de
Saint-Basile-le-Grand,
qui
croit
encore
aux
vertus
du
chapelet
accroché
à
la
corde
à
linge
pour
qu’il
fasse
beau
les
jours
de
mariage.
C’est
en
évoquant
la
pieuse
atmosphère
de
l’époque
que
le
roman
s’attache
au
calvaire
d’une
femme
privée
de
la
présence
de
son
amoureux
pour
quelques
mois.
Elle
comble
cette
absence
en
lui
envoyant
des
lettres
enflammées
avec
assiduité,
mais
Onil
ne
se
fait
pas
un
doux
devoir
de
lui
répondre.
Pire,
il
ne
se
pointe
pas
au
jour
prévu
de
son
retour.
La
situation
laisse
supposer
une
lâche
séparation
pour
des
raisons
que
soutient
un
suspense
bien
entretenu.
Cette
disparition
ne
peut
se
conclure
par
l’abnégation
d’un
amour
aussi
absolu.
Un
tel
abandon
comporte
les
germes
qui
fleurissent
dans
les
institutions
psychiatriques,
en
l'occurrence
l'hôpital
Douglas,
où
Jacques
Lenoir
se
rend
pour
rapporter
les
lettres
d'Éva
alors
que
la
vieillesse
l’a
clouée
à
son
fauteuil
roulant.
La
facture
du
roman
s’appuie
sur
la
lecture
de
cette
correspondance
à
sens
unique.
Le
procédé
ne
s’avère
aucunement
ennuyeux
même
si
chaque
missive
ressasse
inlassablement
les
mêmes
sentiments.
Éva
est
devenue
trop
sénile
pour
se
rendre
compte
que
cette
histoire
est
celle
de
son
propre
drame
et
de
la
cruauté
qui
l’a
tuée.
Elle
n’en
apprécie
pas
moins
ces
lettres
qu’elle
prend
pour
un
roman
que
lui
lit
ce
Jacques,
intéressé
à
sort
pour
des
raisons
que
révélera
un
dénouement
trop
expéditif.
Myriam
Beaudoin
a
écrit
autant
l’histoire
d’un
amour
avorté
que
l’histoire
d’une
folie.
Malgré
les
redondances
et
une
trame
secondaire
assez
malhabile,
le
roman
traduit,
avec
brio
et
simplicité,
les
ravages
d’une
séparation,
aussi
douloureuse
que
celle
décrite
par
Anne
Guilbaut
dans
Joies.
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