Paul-André Proulx

Littérature Québecoises
Gravel, François.

À deux pas de chez elle. Éd. Québec Amérique, 2011, 327 p.

L'Amour qui tue

L'auteur vient d'écrire son premier polar. Il s'en tire plutôt bien avec ce premier exercice. L'action se déroule principalement dans la ville fictive de Milton, située près de Rivière-du-Loup.

En juin 1976, Marie-Thérèse Laganière, âgée de 26 ans, disparaît. L'investigation se bute à un mystère même si l'on a retrouvé sa Renault dans la cour d'une église de Rivière-du-Loup. 33 ans plus tard,

une intempérie laisse à découvert les ossements de la jeune femme " à deux pas de chez elle " ainsi que ceux de Denis Dostaler, un ami qui l'a importunée de ses assiduités. L'incident nécessite l'ouverture du dossier que l'on confie à Chloé Perreault, une policière fraîchement émoulue de l'Institut de police de Nicolet. Contrairement aux vieux loups, qui se sont cassé les dents sur l'enquête, parviendra-t-elle à résoudre l'énigme de ce double meurtre ? Le roman suit à la trace la quête de Chloé, laquelle s'appuie sur le dossier monté par l'enquêteur du temps. Elle retrace tous ceux que son prédécesseur avait rencontrés. Chaque chapitre s'organise autour de ces derniers, dont les souvenirs sont encore très vivaces.

Autour de ce canevas, l'auteur brosse le véritable travail de la policière. Par la bande, il rend hommage à tout le corps policier. Il ne présente pas ses membres comme des Sherlock Holmes à qui personne ne résiste. En l'occurrence, il s'agit d'une femme affolée par ses doutes. Son enquête exige une compréhension de la scène criminelle, qui dépasse l'enseignement reçu à Nicolet. Cette confrontation théorie et pratique est fort bien exploitée, sans compter la comparaison que l'auteur établit entre les méthodes de jadis et celles d'aujourd'hui. Voire l'ordinateur versus la machine à écrire, dont le ruban donnait un texte de deux couleurs : noir pour les lettres et rouge pour les accents.

Ce volet est très intéressant comme l'est aussi le profil psychologique des personnages. Leur action s'abreuve à un amont fort bien mis en valeur. Un amont qui donne aux lecteurs plein de fausses pistes. Le dénouement saura les méduser. Comme à son habitude, la plume de l'auteur est alerte, sans se démarquer par son originalité.