L'occasion
se
présente
quand
on
invite
les
habitants
de
son
village
à
venir
s'établir
en
Amérique
aux
frais
du
pays
hôte
pour
développer
les
contrées
encore
vierges.
Le
bon
pasteur
se
fait
l'ardent
défenseur
de
cette
aubaine
de
fuir
un
pays,
où
la
liberté
est
malmenée.
Comme
Moïse,
il
encourage
ses
ouailles
à
le
suivre
vers
une
terre
promise,
où
la
manne
descendrait
du
ciel.
Le
premier
volet
du
roman
décrit
les
tergiversations
des
habitants
hésitants.
Mais
l'éloquence
de
Waldemar
vainc
la
résistance
de
ceux
qui
rêvent
de
liberté
malgré
l'avertissement
de
l'instituteur
du
village,
le
beau-frère
du
pasteur,
qui
leur
signale
que
l'Amérique
en
question
est
le
Brésil.
Ce
n'est
pas
suffisant
pour
retenir
ceux
qui
désirent
partir.
Le
second
volet
s'attache
au
voyage
qui
mène
les
exilés
entassés
dans
la
cale
d'un
bateau.
Ils
se
résignent
à
cette
pénible
traversée
de
la
mer
Rouge
parce
qu'elle
les
conduit
au
paradis.
Le
troisième
volet
dépeint
ce
qui
les
attend
au
Brésil.
La
chaleur,
la
fièvre
jaune
et
les
insectes
accueillent
avec
joie
ces
victimes
éventuelles.
C'est
la
grande
faucheuse
qui
leur
a
donné
rendez-vous
au
pays
de
l'éternel
été.
Pensant
fonder
un
village
letton,
où
tous
pourraient,
croyait-on,
garder
leur
foi
et
leur
langue,
ils
réalisent
rapidement
qu'ils
ont
été
floués.
L'aventure
ne
se
résume
pas
aux
faits
propres
de
l'exil.
L'auteur
sonde,
avec
tendresse,
le
cœur
de
tous
ses
personnages.
Waldemar
Salis
est
un
pasteur
qui
aide
ses
ouailles
aux
travaux
des
champs.
Il
est
généreux
de
son
corps,
mais
la
chaire
ne
l'empêche
pas
d'aimer
la
chair.
Il
est
partagé
entre
l'amour
pour
sa
femme
et
pour
sa
belle-mère,
une
sorcière
qui
apporte
au
roman
sa
part
de
réalisme.
Elle
contrebalance
les
illuminations
d'un
gendre
prisonnier
de
la
parole
biblique
et
du
discours
de
tous
les
possibles
de
Kierkegaard,
un
couple
explosif
surtout
quand
la
vodka
nourrit
son
sang.
Sergio
Kokis
voulait,
avec
ce
roman,
rendre
hommage
à
ses
ancêtres,
qui
ont
eux-mêmes
immigré
au
Brésil
afin
de
laisser
une
trace
des
inconnus
qui
l'ont
bâti.
L'objectif
est
atteint
de
belle
façon.
L'auteur
est
un
bon
conteur.
Avec
simplicité
et
quelques
redondances
(si
peu),
il
décrit
avec
pertinence
le
croisement
du
rêve
et
de
la
réalité
à
travers
des
Lettons
épris
de
liberté.
|