Paul-André Proulx


Littérature Québecoises


Vachon, Hélène.

Attraction terrestre
. Éd. Alto 2010, 352 p.

Les Plaisirs de l’existence

Un monde meilleur est possible sous « l’attraction terrestre ». Comme disait Voltaire, nous vivons dans « un monde passable. » Ce roman est le testament d’une auteure, qui livre, à l’âge des bilans, les fruits de son expérience.

Paradoxalement, elle témoigne de sa passion de la vie à travers un embaumeur. Un thanatopracteur, qui, faute de soigner les vivants comme son père, soigne les morts pour se donner « le goût de la durée », sans quoi il se sentirait « un croque-mort stérile ». En fait, elle traite de la grandeur des humains, dont chacun se doit de respecter. Elle campe son propos à l’intérieur d’un édifice à logements, où s’enracine le quotidien de locataires tous interpelés par le sens de la vie. Qui sont-ils ? Comme dans Arabesques de Pierre Samson, ce petit monde constitue un microcosme, où les interrelations sont porteuses d’une vie « inaltérable dans ce que les gens sont les uns pour les autres ». Et c’est dans la mort que se saisit leur dignité. Ce magnifique roman exalte la joie d’être unique dans ce que l’on peut apporter. Il s’en dégage un dynamisme acculant les personnages à des fins dernières, qui les renvoient à la vie qu’il faut mener.

Ce n’est aucunement morose. Avec une plume souriante, l’auteure entrecroise la problématique de ses personnages. Mais le puzzle magmatique qu’elle nous convie à assembler décoiffe avec ses interminables dialogues ou sa phraséologie déroutante : « La tuyauterie renâclait, ablutions.» Quoi qu’il en soit, tout en reprenant la thématique de La Tête ailleurs, son précédent roman, elle a écrit une œuvre majeure, qui combat le cynisme charrié par l’Occident.