Paul-André Proulx

Littérature Québécoise

Bissonnette, Jacques.

Badal. Éd. Libre Expression, 2006, 410 p.


Le Djihad à Montréal

Comme Des larmes mêlées de cendres de Camille Bouchard qui prédisait l'attaque du World Trade Center deux ans avant l'événement, Badal de Jacques Bissonnette révèle l'expansion du djihad au Canada, telle que le confirme l'arrestation des présumés terroristes de la région de Toronto. Les deux auteurs s'attardent aux machinations diaboliques qui se peaufinent pour que les infidèles pervers reconnaissent Allah comme le dieu qui transcende leur culture. Objectif paradoxal que cautionnent les intégristes musulmans.

Leur appel à la rectitude séduit souvent les jeunes en quête d'idéal. Les moyens pour y arriver ne semblent pas les préoccuper. On ne fait pas d'omelettes sans casser d'œufs. La maxime sert de sauf-conduit à tous les débordements. C'est dans ce contexte que Nabil, un immigrant pakistanais de Montréal, rachète sa jeunesse corrompue en se consacrant au royaume de Dieu. Retourné dans son pays natal pour y étudier, il est choisi comme le nouveau Moïse par " l'Élu de la montagne " lors d'un séjour en Afghanistan pour appliquer le badal, une vengeance afin d'épurer Montréal, devenu la plaque tournante des trafiquants d'héroïne pachtounes. Après un périple dangereux, Nabil revient dans sa ville d'adoption, empressé d'accomplir la mission qu'on lui a confiée. Les corps policiers en viennent à soupçonner l'existence de cet important complot en enquêtant sur l'égorgement d'un immigrant algérien.

Le roman de Jacques Bissonnette met en relief toute la préparation mentale des kamikazes d'Allah. En parcourant les dédales du terrorisme international, l'auteur nous initie à la genèse des horreurs de l'actualité. Malheureusement, il n'a pas trouvé l'harmonie pour intégrer les éléments de son triptyque : terrorisme, drogue, bénévolat du détective principal Julien Stifer qui accompagne un adolescent dans la mort. Même si c'est intéressant, la magie qui caractérisait Gueules d'ange a cédé la place à une écriture lourde, entachée par l'incurie de l'éditeur à l'égard des coquilles.