Dupont,
Éric.
Bestiaire.
Éd.
Marchand
de
feuilles,
2008,
304
p.
La
Génération
née
en
1970
Les
yeux
pleins
d'étincelles,
comme
Le
Chat
de
Baudelaire,
Éric
Dupont
attend
du
fond
de
sa
solitude
le
vent
favorable
pour
échapper
à
la
monotonie
gaspésienne.
Le
jeune
héros,
élevé
par
un
père
indépendantiste
étriqué,
parviendra-t-il
à
fuir
un
milieu
qu'il
juge
inapte
à
son
épanouissement
?
Voilà
le
dilemme
devant
retenir
l'attention
du
lecteur
que
l'auteur
a
choisi
comme
confident
de
son
alter
ego
malheureux.
Enlevé
du
giron
d'une
mère
cuisinière,
il
vit
sous
la
férule
de
la
nouvelle
reine
du
cœur
de
son
père,
un
Henri
V111
qui
change
de
partenaire
au
gré
des
caprices
saisonniers.
Entre
des
amantes
interchangeables,
ce
policier
de
la
Sûreté
du
Québec
s'est
établi
à
Saint-Ulric,
près
de
Matane,
où
son
fils
devient
le
bouc
émissaire
de
l'école.
Aussi
cruels
que
les
marins
baudelairiens,
qui
martyrisent
un
albatros
gisant
sur
le
pont,
ses
pairs
le
consacrent
chevalier
de
la
confrérie
des
"
tapettes
"
à
cause
de
la
sensibilité
qu'il
éprouve
à
l'égard
de
la
culture.
Exilé
au
milieu
des
huées
de
compagnons
qui
sentent
le
fumier,
il
les
fait
taire
en
développant
sa
musculature
sur
les
engins
reçus
en
cadeau
de
son
père.
Mais
ce
dernier
lui
a
appris
l'humilité
en
l'obligeant
à
élever
des
poules
afin
qu'il
se
rappelle
l'origine
paysanne
de
sa
famille
paternelle.
Ces
leçons
de
vie
ne
portent
pas
ombrage
à
son
imaginaire.
Il
se
construit
un
bestiaire
qui
le
confortera
dans
son
choix
de
quitter
son
transit
matanien,
même
si
l'ululement
du
hibou
le
prévient
que
"
l'homme
ivre
d'une
ombre
qui
passe
porte
toujours
le
châtiment
d'avoir
voulu
changer
de
place
".
Imprégné
de
l'univers
du
conte,
le
roman
précise
la
destinée
des
enfants
nés
au
cours
des
années
1970.
Ils
semblent
avoir
vu
le
jour
sous
une
bonne
étoile
comme
le
laissent
supposer
l'arrivée
au
pouvoir
de
René
Lévesque
et
les
exploits
de
Nadia
Comaneci,
la
reine
des
jeux
Olympiques
de
1976.
C'était
le
début
d'un
temps
nouveau
pour
les
baby-boomers.
Qu'en
est-il
de
leurs
rejetons,
victimes
des
ajustements
d'une
époque
transitoire,
qui
allaient
amener
les
familles
reconstituées
et
transformer
les
écoles
en
lieux
d'apprentissages
transversaux
?
Hélas,
les
paramètres
du
bonheur
transcendent
les
institutions
même
les
plus
laxistes.
S'inspirant
de
la
cour
d'Angleterre,
Éric
Dupont
démontre
que,
aujourd'hui
comme
hier,
les
enfants
sont
les
sujets
du
despotisme
familial,
culturel
ou
idéologique.
Son
roman
ne
serait
qu'une
chronique,
intéressante
certes,
sans
l'ampleur
poétique
qu'il
lui
confère
à
travers
des
allégories
animales
pour
soutenir
les
moments
forts
de
la
vie
d'un
enfant
fatigué
d'être
assis
entre
deux
chaises.
L'auteur
le
distrait
de
son
inconfort
avec
des
renseignements
tirés
d'Internet
sans
nécessairement
se
faire
complices
de
la
thématique.
Heureusement,
l'écriture
captivante
du
bon
conteur
qu'est
Éric
Dupont
masque
son
bavardage
mal
à
propos
en
spécifiant,
par
exemple,
que
les
crevettes
de
Matane
viennent
de
la
Côte-Nord.
Ça
rappelle
un
professeur
qui
veut
garder
l'attention
par
des
digressions
que
les
élèves
savent
exploiter
pour
s'épargner
du
temps
à
étudier.
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