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Saint-Pierre,
Thomas
Ouellet
Charlotte
ne
sourit
pas.
Éd.
Leméac,
2016,
243
p.
Qui
sommes-nous
?
Comment
agissons-nous
?
Que
devons-nous
faire
en
société
?
Si
on
aligne
les
questions
du
genre,
on
finit
par
douter
de
soi.
"
J'aurais
donc
dû...
"
On
ne
connaît
jamais
les
mots
ou
les
gestes
qui
conviennent.
Douter
de
soi,
c'est
consentir
à
des
relations
humaines
infernales.
Comme
disent
les
Québécois
qui
se
questionnent,
"
je
devrais-tu…
".
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De
prime
abord,
on
croirait
lire
du
chick
lit.
Une
histoire
de
filles
qui
se
cherchent
un
chum.
Comme
le
chanterait
Michèle
Richard
:
"
Qui
sera
la
plus
belle
pour
aller
danser
?
"
Mais
nenni.
L'auteur
transporte
le
lecteur
dans
un
univers
plus
complexe
que
celui
d'être
cute
pour
dénicher
l'âme
frère.
Comme
les
protagonistes
sont
deux
jeunes
femmes
colocataires,
on
pourrait
s'attendre
à
ce
qu'elles
se
soutiennent
et
s'encouragent
dans
leur
quête
commune.
Eh
bien
non.
Elles
se
bitchent
comme
ce
n'est
pas
possible.
Elles
se
font
la
baboune.
Le
silence
est
aussi
éloquent
que
leurs
paroles
assassines.
Les
réconciliations
pointent
quelquefois,
mais
fondent
plus
vite
que
glace
au
soleil.
Et
quand
elles
prennent
une
décision,
il
semble
que
ce
soit
toujours
la
mauvaise.
"
Ai-je
choisi
le
bon
amoureux
?
"
"
Devrais-je
m'amouracher
?
"
Bref,
ce
sont
deux
femmes
moulées
en
points
d'interrogation.
On
n'est
jamais
sûr
de
rien,
dit
le
dicton.
Le
narrateur
omniscient,
l'auteur
en
l'occurrence,
voudrait
bien
les
aider
à
résoudre
leurs
problèmes
dubitatifs.
Quand
on
vit
au
subjonctif,
l'imparfait
a
la
préséance.
On
cherche
chez
autrui
les
causes
de
son
insuccès.
Charlotte
trouve
que
sa
prétendue
amie
n'est
pas
assez
jolie,
Mireille
trouve
que
Charlotte
ne
sourit
pas
assez
pour
soulever
la
convivialité.
Elles
ne
sont
jamais
assez
ceci
ou
cela.
C'est
épuisant
de
cohabiter
dans
un
contexte
de
dénigrement
camouflé
sous
le
couvert
de
l'amitié.
Et
vouloir
vaincre
les
frontières
de
la
timidité
rend
malhabile.
L'auteur
se
sent
mal
à
l'aise
avec
ses
analyses
psychologiques.
"
De
quoi
je
me
mêle
?
",
se
demande-t-il.
"
En
fait,
Thomas
Ouellet-Saint-Pierre
est
amoureux
d'un
personnage
qu'il
a
créé,
soit
Charlotte
qui
apparaît
comme
son
alter
ego
féminin
si
l'on
se
fie
aux
entrevues
qu'il
a
accordées.
On
dirait
Flaubert
qui
aime
Madame
Bovary.
Son
entreprise
romanesque
sur
le
doute
est
fort
originale.
Il
ne
faut
pas
croire
que
les
portraits
déchirants
qu'il
a
brossés
sentent
la
déprime.
Ses
héroïnes
ne
sont
pas
dépourvues
de
ressources
pour
s'en
sortir.
C'est
même
avec
une
plume
un
brin
ironique
et
aucunement
condescendante
qu'il
décrit
un
univers
féminin
qui
s'entredéchire.
C'est
une
œuvre
bien
ficelée
qu'on
lit
avec
plaisir.
Même
si
des
québécismes
émaillent
le
commentaire,
l'auteur,
lui,
s'en
tient
à
une
langue
classique.
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