Vekeman,
Lise.
Chroniques
pour
une
femme.
Éd.
L'Instant
même,
2000,
197
p.
Les
Causes
du
suicide
Le
suicide
est
un
thème
délicat
à
aborder.
Lise
Vekeman
s'en
tire
élégamment
en
indiquant
avec
pudeur
le
sentier
qui
a
conduit
à
cette
décision
fatale.
Elle
ne
juge
pas
son
héroïne.
Elle
se
contente
de
présenter
les
circonstances
qui
ont
entouré
sa
mort.
Une
mort
rattachée
à
une
psychologie
que
la
mythologie
grecque
a
déjà
illustré
à
travers
le
personnage
de
Poséidon.
Comme
Gaston
Bachelard,
l'auteure
développe
la
thématique
en
l'intégrant
à
un
univers
aqueux
libérateur.
Le
roman
ne
résulte
pas
d'une
pensée
occulte
même
s'il
baigne
dans
les
eaux
troubles
de
l'inconscient.
Le
titre
précise
bien
qu'il
s'agit
d'une
chronique,
donc
du
quotidien
d'une
femme,
en
l'occurrence
une
journaliste
d'art,
Gabrielle
Varin
mariée
à
Jérôme
Collard.
Sa
vie
est
intimement
liée
au
Lac-aux-Sables,
situé
tout
près
de
Saint-Tite,
renommé
pour
son
festival
western.
C'est
l'environnement
qui
préside
au
destin
tragique
de
l'héroïne.
Pendant
l'enfance,
ses
parents
y
louaient
un
chalet
pour
la
saison
estivale.
Adulte,
elle
achète
une
maison
construite
sur
une
falaise
qui
surplombe
l'endroit.
C'est
dans
un
décor
de
carte
postale
que
"
la
petite
sirène
",
comme
l'appelait
sa
mère,
évolue
au
rythme
des
événements
qui
forgent
son
caractère.
Tout
semble
conçu
pour
procurer
la
sérénité
aux
âmes
qui
hantent
un
tel
havre
de
paix.
Il
faut
se
méfier
de
l'eau
qui
dort.
Les
circonstances
de
la
vie
déséquilibrent
souvent
les
plus
invulnérables.
Surtout
quand
il
s'agit
de
la
mort
de
sa
mère
que
Gabrielle
a
perdue
à
l'âge
de
douze
ans.
Tel
un
bourgeon,
elle
survit
difficilement
détachée
de
la
source
qui
assure
sa
croissance.
Comme
elle
ne
parvient
pas
à
tourner
cette
page
sombre
de
sa
vie,
l'attrait
de
l'au-delà
se
présente
comme
une
solution
salvatrice.
À
l'instar
du
héros
de
Denis
Thériault
dans
L'Iguane,
elle
résiste
difficilement
aux
appels
du
lac
qui
s'offre
à
partager
son
deuil.
Lise
Vekeman
raconte
la
vie
d'une
femme
obsédée
par
l'abandon
de
ceux
qu'elle
aime.
Devenue
adulte,
elle
préfère
elle-même
mettre
fin
à
ses
liaisons
pour
ne
pas
subir
les
avatars
de
la
rupture.
Ainsi
laisse-t-elle
tomber
son
amante,
une
artiste
japonaise
qui
habite
New
York
ainsi
que
son
mari
qu'elle
aime
beaucoup.
Il
faut
comprendre
que
les
aléas
de
la
vie
l'ont
rendue
bisexuelle.
C'est
à
travers
les
personnages
secondaires
que
l'on
découvre
la
vraie
nature
de
Gabrielle.
Les
quatre
chapitres
du
roman
sont
confiés
à
autant
de
narrateurs
qui
tentent
de
fournir
un
éclairage
suffisant
pour
pénétrer
le
mystère
de
l'héroïne.
Le
témoignage
de
son
amante
et
celui
de
son
frère
sont
particulièrement
révélateurs
de
la
personnalité
de
cette
femme
emportée
par
les
carences
familiales.
Ce
recours
à
des
voix
multiples
rappelle
la
manière
de
Daniel
Poliquin
dans
La
Côte-de-Sable
(Visions
de
Jude).
Ce
procédé
exige
du
doigté
pour
sauvegarder
l'homogénéité
de
l'œuvre.
Lise
Vekeman
y
arrive
en
créant
une
atmosphère
feutrée
qui
contribue
aussi
à
la
réussite
de
cette
mise
en
abîme.
Tout
se
déroule
en
douceur
dans
un
contexte
lacustre,
intégré
magnifiquement
à
l'intrigue
comme
un
personnage
qui
prend
les
traits
autant
d'un
ennemi
que
d'un
ami.
Et
l'écriture
limpide
sert
de
guide
pour
parcourir
le
labyrinthe
de
ce
destin
fatidique,
qui
rappelle
un
peu
Le
Don
d'Auguste
de
Micheline
La
France.
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