Singh,
Mô.
(
Montréal
)
Crève,
maman
!
Éd.
XYZ,
2006,
137
p.
Fille
de
prostituée
Il
n'est
pas
rare
qu'un
auteur
aborde
le
thème
de
la
haine
des
enfants
envers
leur
mère.
Hervé
Bazin
en
donne
un
bon
exemple
dans
Le
Nœud
de
vipère,
et
Marie-Claire
Blais
a
décrit
magistralement
l'aversion
d'une
adolescente
de
la
campagne
pour
sa
mère
dans
La
Belle
Bête,
œuvre
portée
à
l'écran
en
2006.
Mô
Singh
suit
ce
sentier
en
présentant
une
Montréalaise
au
chevet
d'une
mère
agonisante
qu'elle
a
détestée,
mais
qu'elle
aurait
voulu
aimer.
Sans
linéarité,
l'auteure
parcourt
les
moments
importants
qui
ont
marqué
la
vie
de
son
héroïne.
Lou
est
le
fruit
des
rencontres
fortuites
d'une
prostituée
qui
a
élevé,
seule,
six
"
bâtards
"
d'une
main
de
fer
dans
un
gant
fait
de
la
même
matière.
Choisie
comme
l'exécutrice
testamentaire
de
sa
génitrice,
qui
s'est
jetée
en
bas
d'un
édifice
de
cinq
étages,
elle
se
rend
chaque
jour
à
l'hôpital
pour
cueillir
le
dernier
souffle
de
celle
qui
lui
a
empoisonné
l'existence.
Battue
à
tour
de
bras
par
cette
mégère,
abusée
sexuellement
par
un
frère
corrompu,
elle
réussit,
malgré
sa
révolte
et
son
horreur
des
hommes,
à
vivre
en
couple
avec
un
Marocain
empathique
et
à
se
sortir
de
ce
bourbier.
Comme
Nelly
Arcan,
Mô
Singh
raconte
crûment
les
épreuves
insupportables
qui
ont
mis
en
péril
le
développement
harmonieux
de
l'héroïne,
d'autant
plus
qu'elle
craint
que
sa
ressemblance
physique
avec
cette
mère
"
pendue
aux
poils
de
cul
"
s'accompagne
de
ses
vices.
Ne
serait-elle,
elle
aussi,
qu'une
femme
à
baiser
?
Même
si
Lou
se
réjouit
de
sa
mort
imminente,
la
haine
ne
parvient
pas
à
l'aveugler
complètement.
Elle
reconnaît
que
l'enfance
difficile
qu'a
connue
sa
mère,
elle-même
abusée
par
un
ami
de
son
père
adoptif,
est
à
l'origine
de
sa
conduite.
Elle
admet
aussi
quelques
bonheurs
d'occasion,
mais
leur
rareté
n'a
pas
permis
de
panser
les
blessures
subies
au
sein
même
du
cocon
familial.
Comme
un
coming
out,
cette
confession
publique
éveillera
la
lubricité
des
voyeurs.
Ce
serait
malheureux
de
s'arrêter
seulement
à
la
salacité
des
gestes.
Écrite
avec
une
plume
sûre
et
pleine
de
rebondissements
saisissants,
cette
œuvre
populaire
dénonce,
comme
Nathalie
Simard,
les
voleurs
d'enfance.
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