Carpentier,
André.
Gésu
Retard.
Éd.
du
Boréal,
1999,
254
p.
Un
marginal
du
Plateau
Mont-Royal
André
Carpentier
enseigne
à
l'université
du
Québec,
mais,
depuis
fort
longtemps,
il
publie
nouvelles,
romans,
récits,
essais,
en
plus
de
signer
de
nombreux
articles
dans
les
revues
littéraires.
Gésu
Retard
est
son
dernier
roman.
Il
s'agit
de
l'histoire
d'un
marginal
heureux,
qui
promène
sa
bosse,
plutôt
son
érection
permanente,
dans
les
rues
du
Plateau
Mont-Royal,
un
arrondissement
de
Montréal
souvent
choisi
par
les
écrivains
de
cette
ville
pour
camper
leurs
œuvres.
Le
héros,
né
un
26
décembre,
en
retard
d'un
jour
sur
la
naissance
de
Jésus,
reçut
comme
nom
celui
qui
sert
de
titre
au
roman.
Abandonné
dans
les
poubelles
des
Sœurs
de
la
Charité
par
une
fille
à
marins,
il
vit
dans
ce
quartier
branchouillard
de
la
métropole
québécoise,
où
se
regroupent
les
intellectuels,
les
artistes
et
les
gens
en
rupture
de
ban.
Le
roman
se
divise
en
dix-sept
chapitres
présentés
sous
forme
de
dictées,
dont
les
titres
ne
sont
pas
sans
rappeler
ceux
d'antan
tels
que
"
Où
Gésu
Retard
ne
saura
dire
ce
qu'il
y
a
dans
le
regard
de
qui
l'examine
de
près
".
Chacune
raconte
ce
qui
meuble
la
vie
du
héros,
comme
ses
randonnées
à
vélo
dans
les
rues
avec
son
casque
et
ses
lunettes
d'aviateur
de
la
Première
Guerre
mondiale.
L'excentricité
le
caractérise
à
l'instar
des
habitants
de
ce
quartier
aux
airs
européens.
Le
roman
rend
compte
avec
justesse
de
ces
"
Plateauïdes
",
dont
la
mégalomanie
reflète
les
avantages
qu'ils
tirent
de
l'État
à
cause
de
leur
culture
et
de
leur
savoir.
Gésu
Retard
n'est
pas
un
marginal
misanthrope.
Au
contraire,
il
savoure
la
vie.
Il
"
n'espère
rien,
ombre
vive
au
fond
d'un
puits,
si
ce
n'est
ta
soif
",
écrira-t-il
dans
un
haïku
dont
il
est
passionné.
D'ailleurs,
cette
forme
littéraire
est
l'élément
déclencheur,
qui
emmènera
à
Montréal
un
Antillais
de
Chicago
que
le
héros
doit
héberger.
L'amour
du
haïku
les
réunit,
mais
ce
sera
pour
une
courte
durée.
Aussitôt
arrivé,
l'invité
disparaît,
obligeant
ainsi
Gésu
Retard
à
le
chercher.
C'est
peine
perdue.
Il
signale
donc
la
disparition
à
la
police,
qui
l'emprisonne
parce
qu'elle
le
soupçonne
d'être
l'auteur
du
méfait.
Dans
un
tel
contexte,
le
travail
policier
ne
peut
apparaître
que
sous
son
plus
mauvais
jour.
Ce
roman
est
un
bon
indice
de
ce
qui
se
vit
dans
le
Plateau
Mont-Royal.
La
démesure
du
personnage
reflète
celle
plus
secrète
des
habitants.
Cette
toile
de
fond
sert
admirablement
en
fait
un
polar.
L'auteur
est
habile.
Il
joue
avec
plusieurs
éléments,
bien
enchevêtrés
pour
cacher
les
fibres
sociales,
psychologiques,
culturelles
et
humoristiques
qui
composent
son
tableau
de
quartier.
Bref,
c'est
une
œuvre
originale
sans
être
dépaysante
pour
autant.
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