Pellerin,
Fred.
Il
faut
prendre
le
taureau
par
les
contes.
Éd.
Planète
rebelle,
2003,
133
p.
L'Idiot
de
village
Le
conte,
c'est
"
l'Histoire
écoutée
aux
portes
de
la
légende
",
disait
Victor
Hugo.
St-Élie-de-Caxton
a
trouvé
son
historien
local
en
la
personne
de
Frédéric
Pellerin.
Ce
jeune
auteur
s'empresse
de
recueillir
les
légendes
de
son
village
avant
qu'elles
ne
se
perdent.
Il
retrace
ainsi
tout
ce
qui
a
façonné
l'âme
caxtonnienne.
Son
œuvre
est
en
somme
un
hommage
rendu
à
ceux
qui
ont
animé
le
quotidien
de
son
village
natal,
juché
quelque
part
au
nord
de
Trois-Rivières.
Dans
Il
faut
prendre
le
taureau
par
les
cornes,
le
conteur
évoque
le
souvenir
de
Roger
à
Ti-Mac
Lafrenière,
décédé
le
13
avril
2001.
À
travers
ce
gibbeux
disgracieux,
il
aborde
le
thème
délicat
de
l'idiot
de
village.
Fred
Pellerin
réhabilite
en
somme
celui
qui
fut
condamné
de
par
son
état
à
accomplir
toutes
les
corvées
rebutantes
et
périlleuses.
Né
pour
être
le
valet
de
tous
les
paroissiens,
Roger
Lafrenière
a
aussi
joué
le
rôle
de
bouc
émissaire
à
qui
on
a
reproché
tous
les
péchés
pour
se
donner
bonne
conscience.
L'auteur
rappelle
aux
siens
qu'ils
se
sont
solidarisés
contre
la
fragilité
humaine
en
abusant
d'un
faible
d'esprit.
Son
recueil
est
expurgé
de
toute
morale
en
dissimulant
cette
conduite
peu
charitable
sous
le
couvert
de
l'humour,
mais
si
l'on
suit
bien
le
propos,
on
ne
peut
que
rire
jaune.
L'idiot
du
village
mourut
finalement
dans
l'indifférence
totale,
lui
qui
espérait
voir
"
l'église
pleine
à
fendre
"
à
ses
funérailles
après
avoir
assisté
à
celles
de
tous
et
chacun
et
creusé
toutes
leurs
fosses.
Grâce
à
sa
magie,
l'auteur
transforme
sa
charge
en
tendresse
pour
un
homme
dont
il
fait
ressortir
toute
l'humanité.
Roger
Lafrenière
n'était
pas
un
être
insensible.
Les
charmes
de
la
femme
lui
donnaient
des
frissons,
en
particulier
ceux
de
la
toréador
venue
offrir
une
démonstration
de
son
savoir-faire
à
St-Élie.
L'hommage
posthume
qui
lui
est
rendu
revêt
l'apparence
d'un
bien
cuit,
mais
le
héros
reste
tout
de
même
un
paradigme
de
la
tragédie
humaine.
Fred
Pellerin
développe
sa
thématique
en
évitant
de
froisser
ses
concitoyens.
Il
est
même
devenu
la
coqueluche
du
village
à
qui
on
confie
les
légendes
qui
courent
sur
chacun
des
habitants
parce
qu'on
a
senti
son
amour
sincère
pour
les
siens.
Avec
une
verve
délirante,
il
utilise
en
fait
ce
microcosme
comme
un
miroir
de
l'humanité.
Sous
sa
plume,
les
mots
composent
un
cocktail
surréaliste
qui
rappelle
le
Sol
de
Marc
Favreau.
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