Barcelo,
François
J'enterre
mon
lapin.
VLB
éditeur,
2001,
120
p.
La
Déficience
mentale
La
déficience
mentale
constitue
un
filon
que
les
romanciers
exploitent
avec
une
main
assez
heureuse
si
je
me
fie
à
ce
que
j'ai
lu.
Que
ce
soient
Confessions
d'un
barjo,
Vol
au-dessus
d'un
nid
de
coucou,
Mon
Frère
de
la
planète
des
fruits
ou
Des
fleurs
pour
Algernon,
toutes
ces
oeuvres
soulignent
le
potentiel
qui
mériterait
aux
victimes
un
meilleur
sort
et
une
plus
grande
attention
de
la
part
d'autrui.
Dans
J'enterre
mon
lapin,
François
Barcelo
apporte
sa
contribution
pour
que
la
déficience
des
nôtres
soit
davantage
respectée.
Il
montre
les
possibilités
encore
grandes
de
ces
handicapés
intellectuels,
en
l'occurrence
celles
de
Sylvain
Beausoleil
que
l'on
insère
dans
la
société
en
lui
fournissant
un
emploi
simple
dans
une
agence
gouvernementale
de
la
gestion
des
greffes.
En
dépit
de
sa
déficience
mentale
et
de
son
mutisme
par
surcroît,
il
s'acquitte
fort
bien
de
sa
tâche,
qui
consiste
à
glisser
les
lettres
que
l'on
envoie
aux
futurs
greffés
dans
des
enveloppes
qu'il
cachette.
Et,
en
quittant
son
travail,
il
va
les
déposer
à
la
poste.
À
la
maison,
il
se
montre
tout
aussi
efficace.
Il
vit
seul
en
défrayant
toutes
les
dépenses
afférentes
à
son
logement.
Mieux
encore,
il
projette
de
s'acheter
une
voiture.
La
déficience
annihile
ni
les
ambitions
ni
le
désir.
Ce
jeune
homme
de
25
ans
s'épanouit
malgré
ses
maigres
moyens.
Son
beau-frère,
qui
lui
a
donné
un
ancien
ordinateur,
va
l'initier
à
cette
technologie
qui
s'avérera
libératrice.
Clique
ici,
clique
là
et
le
voici
prêt
pour
le
traitement
de
textes.
Que
va-t-il
écrire?
Un
livre,
rien
de
moins.
Comme
Sylvain
le
dit
lui-même,
"
écrire
un
livre
c'est
plus
facile
que
d'en
lire.
On
n'a
pas
besoin
de
se
demander
ce
que
ça
veut
dire
parce
qu'on
le
sait
d'avance.
"
Ainsi,
chaque
jour,
il
confie
son
quotidien
à
son
ordinateur,
croyant
même
qu'il
écrit
sans
fautes
à
cause
de
la
fonction
correctrice
de
son
appareil.
Son
handicap
ne
l'a
pas
privé
du
sens
de
la
déduction.
Il
réalise
que
l'on
profite
des
faiblesses
du
système
pour
recevoir
une
greffe
en
priorité.
Lui-même
sera
soudoyé
pour
que
certains
noms
figurent
en
tête
de
liste
des
bénéficiaires
d'un
organe
afin
d'éviter
les
délais
qui
occasionneraient
leur
mort.
Le
roman
renseigne
avec
humour
sur
les
tactiques
déloyales
pratiquées
au
royaume
des
greffes.
Déjà
un
"
reject
"
à
cause
de
son
handicap,
le
héros
se
voit
imposer
en
plus
le
mensonge
d'autrui.
Dès
l'âge
de
trois
ans,
il
a
vécu
dans
un
monde
occulte,
où
on
a
abusé
davantage
de
sa
condition
qu'on
ne
l'a
protégé.
Souvent
la
vérité
éclate
en
pleine
lumière
au
moment
où
on
s'en
attend
le
moins.
Et
c'est
là
qu'elle
fait
vraiment
mal,
surtout
quand
son
père
qu'il
croyait
mort
vient
sonner
à
sa
porte.
Ce
qui
s'annonçait
comme
une
lecture
amusante
à
cause
de
l'écriture
enfantine
de
Sylvain
se
transforme
à
notre
insu
en
drame
épouvantable
:
un
père
rend
son
enfant
muet
et
déficient
après
avoir
tué
sa
femme.
Quand
le
héros
apporte
la
disquette
de
son
texte
à
son
beau-frère,
on
comprend
sa
réaction
:
"
J'espère
que
tu
n'as
pas
montré
ça
à
quelqu'un.
"
Un
loisir
a
contribué
à
sonner
l'heure
de
la
vérité.
Et
comme
on
dit
:
"
La
vérité
sort
de
la
bouche
des
enfants
"
et
des
déficients,
faudrait-il
ajouter.
Il
ne
faut
pas
croire
que
ceux-ci
enterrent
nécessairement
leur
lapin,
c'est-à-dire
qu'ils
ne
comprennent
rien
à
la
vie.
Et
comme
toujours,
la
plume
de
Barcelo
est
efficace.
Par
contre,
la
trame
romanesque
n'est
pas
assez
serrée.
Des
personnages
surgissent
de
partout
comme
un
cheveu
sur
la
soupe.
C'est
le
désavantage
des
romans
trop
courts.
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