Trifiatis,
Tassia,
Judas.
Éd.
Leméac,
2007,
142
p.
Aimer
un
juif
hassidique
Dans
le
contexte
de
l'enquête
Bouchard-Taylor,
ce
roman
éclaire
nos
réactions
face
à
la
différence
d'autrui.
Il
y
apparaît
clairement
que
la
religion
est
la
première
responsable
de
ce
qui
nous
oppose.
Le
deuxième
commandement
de
Dieu
ordonne
d'aimer
notre
prochain,
mais
les
différentes
confessions
l'imposent
seulement
entre
les
membres
de
leurs
communautés.
Hors
des
dénominations
religieuses,
la
guerre
sainte.
On
défend
tous
les
rapprochements,
comme
le
prouve
l'amour
d'une
jeune
architecte
montréalaise
orthodoxe
pour
un
juif
hassidique.
Se
sentant
bien
seule
depuis
que
ses
parents
sont
retournés
en
Grèce,
Neffeli
rencontre
Yéhouda
(Judas
en
hébreu)
dans
un
hôpital
où
elle
s'est
fait
avorter
alors
que
son
fiancé
s'est
rendu
au
chevet
de
son
père
malade
en
Syrie.
Haïthem,
c'est
l'amoureux
arabe
dont
elle
est
l'idole
exotique,
mais
qu'elle
n'aime
pas.
Yéhouda,
c'est
celui
qu'elle
a
dans
la
peau,
le
petit
juif
qui
travaille
au
restaurant
du
coin
comme
caissier.
D'ailleurs,
Neffeli
l'épie
par
la
vitre
qui
lui
"
divulgue
ce
magnifique
employé
".Quand
on
est
en
amour,
on
est
prêt
à
tout,
même
à
souffrir
dans
sa
chair
pour
l'être
cher.
Voire
mentir
pour
se
l'attacher
à
jamais.
Pourquoi
ne
pas
lui
faire
croire
que
leur
amour
illicite
s'annonce
fructueux
quand
les
accommodements
raisonnables
butent
contre
l'entêtement
indéfendable
des
religions?
Dans
toute
sa
naïveté,
l'héroïne
se
prend
pour
David
en
livrant
un
combat
à
forces
inégales
qu'elle
est
sûre
de
gagner.
Son
Goliath
est
plus
futé
que
celui
de
la
Bible
:
il
sait
protéger
les
siens
contre
le
mal
que
représente
autrui.
Que
faire
pour
adoucir
l'amertume
de
la
défaite?
Renouer
avec
sa
famille
et
lever
les
yeux
au
ciel
en
invoquant
un
saint
de
son
Église.
Appuis
bien
minces
quand
il
faut
porter
le
deuil
de
ses
amours.
C'est
avec
une
écriture
métaphorique,
mais
hésitante
dans
sa
syntaxe
que
l'auteure
démontre
comment
les
religions
théistes
défigurent
l'amour.
Comme
dans
Hassada
de
Myriam
Beaudoin
et
dans
Kippour
de
Marc-Alain
Wolf,
on
craint
de
passer
pour
un
Judas
en
pactisant
avec
un
adversaire
que
l'on
ne
veut
pas
convertir?
Ce
roman
d'amour
s'élève
au-dessus
des
conventions
du
genre,
mais
ce
n'est
qu'une
autopsie
sommaire
d'amours
mortes,
qui
rappelle
Folle
de
Nelly
Arcan,
hormis
l'intimité
sexuelle.
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