Yergeau,
Pierre.
La
Cité
des
vents.
Éd.
XYZ,
2005,
140
p.
Le
Rêve
américain
En
1995,
Pierre
Yergeau
a
entrepris
d'écrire
une
saga
tournant
autour
de
la
famille
Hanse.
Le
père,
décédé
accidentellement,
était
un
trapéziste
du
Grand
Cirque,
lequel
élevait
son
chapiteau,
pour
divertir
en
hiver
les
populations
nordiques.
Devenus
orphelins,
les
enfants
ont
été
élevés
par
une
grand'mère
cuisinière
dans
un
camp
de
bûcherons
quand
leur
mère
les
a
abandonnés
pour
aller
chanter
dans
des
bars
miteux.
Adulte,
chacun
tente
de
tirer
son
épingle
du
jeu.
Dans
La
Cité
des
vents,
Georges,
le
fils
aîné,
se
rend
à
Chicago
où
il
espère
réaliser
le
rêve
américain
:
faire
fortune.
Il
traverse
donc
la
frontière,
camouflé
dans
une
benne
de
camion
chargée
de
poires.
Arrivé
à
destination,
une
ville
constamment
balayée
par
le
vent,
il
dépense
le
moins
possible
pour
atteindre
son
objectif.
C'est
en
allant
dormir
sous
les
ponts
qu'il
se
noue
d'amitié
avec
des
clochards
et
des
rêveurs
désenchantés.
Parmi
eux,
on
compte
un
sans-abri
que
ses
compagnons
d'errance
appellent
le
professeur,
un
trompettiste,
une
ancienne
religieuse
recyclée
en
serveuse
de
bar,
un
aventurier
de
l'Ouest
canadien
et
Mara,
une
jeune
bourgeoise,
objet
des
fantasmes
du
héros.
Cette
confrérie
de
"
détraqués
"
décide
de
s'organiser
en
syndicat
pour
fabriquer
de
l'alcool
de
contrebande
dans
ce
Chicago
des
années
1940.
À
leur
manière,
ils
ambitionnent
de
devenir
des
parvenus
pour
répondre
aux
critères
de
la
société
américaine.
Malheureusement,
leurs
rêves
s'effondrent
comme
des
châteaux
de
cartes.
Chacun
s'envole,
emporté
par
le
vent
qui
les
mène
dans
un
ailleurs
où
ils
veulent
exercer
leur
droit
à
la
liberté.
Le
clochard
ne
serait-il
pas
au
fond
celui
que
l'on
envie,
le
citoyen
affranchi
des
contraintes
et
des
attentes
angoissantes
suscitées
par
le
désir?
Qu'est-ce
que
le
"
Rêve
"
américain?
Du
vent
qui
ne
propulse
pas
les
voiliers?
Il
faudra
attendre
les
prochains
tomes
pour
connaître
la
réponse
si
jamais
elle
ne
vient.
La
lucidité
des
personnages
les
empêche
de
mourir
de
leur
folie
des
grandeurs.
Ils
savent
que
le
salut
n'est
pas
dans
un
ailleurs
mirifique,
mais
ils
partent
quand
même
les
uns
après
les
autres,
laissant
Georges
seul
devant
son
destin.
C'est
avec
une
écriture
dense
et
poétique
que
Pierre
Yergeau
analyse
le
vouloir
être
de
ces
laissés-pour-compte
dans
une
société
outrecuidante.
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