Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Robitaille, Renée.

La Désilet s'est fait engrosser par un lièvre. Éd. Planète rebelle, 2005, 92 p.

Sur la maternité

Née en 1975 en Abitibi, Renée Robitaille est la mère de deux garçons. Enceinte, elle a cherché à connaître la mythologie entourant les mystères de l'enfantement auprès de ses grands-mères et des sages-femmes. À travers ses contes, elle exploite leurs souvenirs pour exorciser les peurs qu'alimentaient jadis les femmes du fond de leur cuisine.

Rien de mieux que sauvegarder sa sérénité en donnant à ses craintes une perspective qui rappelle que les souffrances de l'accouchement sont précédées des plaisirs de l'amour. Le curé l'a bien compris. La fécondité passe par sa bénédiction. Ainsi voit-il son village profiter des largesses divines qu'il soutient d'un fécond apostolat. Renée Robitaille fait vivre son petit monde sous de bons auspices. Outre le curé, elle confie aussi les villageois à la bienveillance de Mémère Minoune, dont le grimoire consigne les conditions propices à la natalité.

Son recueil précise, sous le signe de l'humour, l'esprit qui présidait à la procréation. Malgré le caractère folichon de l'œuvre, l'écriture n'emprunte en rien à la grossièreté. Le niveau de langue se pare de voiles qui respectent les actes que la nature impose à l'humanité. En fait, La Désilet s'est fait engrosser par un lièvre est un hommage à la vie. Par contre, il s'en dégage une impression d'inachèvement. Et comme chaque conte décrit inlassablement les gestes afférents à la maternité, la lassitude s'installe rapidement. Bref, ce recueil, quoique intéressant, ne couvre pas autant de terrain que ceux que Fred Pellerin a consacrés aux villageois de St-Élie-de-Caxton.