Demers,
Lise
La
Leçon
de
botanique.
Éd.
Lanctôt,
1996,
96
p.
Fillette
abusée
par
une
religieuse
Récemment,
de
nombreux
religieux
ont
dû
affronter
la
Justice
pour
répondre
d'actes
criminels
commis
au
cours
des
années
1950.
Plusieurs
ont
profité
sexuellement
des
orphelins
dont
ils
avaient
la
garde.
Quant
aux
institutions
sous
la
gouverne
des
religieuses,
personne
n'avait
signalé
de
dérèglements
quelconques.
Diderot
avait
soulevé
au
18e
siècle
un
cas
de
perversion
dans
La
Religieuse,
mais
jamais
n'aurait-on
cru
une
pareille
vilenie
dans
un
Québec
clérical.
Heureusement,
quelques
écrivains
ont
éveillé
notre
conscience.
De
Claire
Martin
à
Louky
Bersianik,
en
passant
par
Bruno
Roy,
chacun
et
chacune
ont
pointé
les
déplorables
us
et
coutumes
des
pieuses
communautés
féminines.
Pour
sa
part,
Lise
Demers
raconte,
dans
La
Leçon
de
botanique,
l'aventure
d'Anne,
une
fillette
pensionnaire
dans
un
couvent
de
Québec.
En
pleine
nuit,
dans
l'escalier
qui
monte
au
dortoir,
elle
s'est
vue
"
gratifiée
"
de
faveurs
sexuelles
qu'elle
aurait
apparemment
appréciées.
Ce
n'est
pas
connaître
ce
qui
se
passe
dans
la
tête
des
enfants.
Françoise
Dolto
a
bien
indiqué
que
leurs
capacités
mentales
dépassent,
et
de
loin,
l'évaluation
des
adultes.
Cet
acte
coupable
de
la
part
d'une
religieuse
transcende
de
beaucoup
le
geste
posé.
Il
porte
atteinte
à
l'image
qu'Anna
s'était
donnée
des
adultes.
Il
lui
est
difficile
par
la
suite
de
taire
cette
agression
inattendue
qui
brisait
son
innocence
en
un
rien
de
temps.
Comme
le
dit
elle-même
l'héroïne
:
"
J'allais
bientôt
avoir
douze
ans
et
connaissais
déjà
tout
de
la
vie.
"
Cette
expérience
intempestive
révèle
l'hypocrisie
de
la
société.
Non
seulement,
on
balaie
l'accusation
d'Anna
du
revers
de
la
main,
mais
de
plus,
on
lui
demande
de
se
mentir
en
s'excusant
d'avoir
servi
la
vérité.
À
l'aube
de
son
adolescence,
Anna
reçoit
un
message
clair
:
pour
être
adulte,
il
faut
négocier
avec
le
mensonge
pour
que
les
potentats
puissent
jouir
de
leur
statut
aux
dépens
de
l'intégrité
d'autrui.
Le
roman
illustre
efficacement
le
sort
pénible
de
certains
enfants.
Ces
derniers
ne
font
pas
le
poids
dans
la
balance
des
valeurs.
On
procède
plutôt
à
leur
déshumanisation.
Encore
aujourd'hui,
ils
sont
victimes
de
ceux
qui
s'enrichissent
en
exploitant
toutes
les
possibilités
qu'offrent
le
sexe,
l'adoption,
les
greffes
d'organes
ou
le
travail.
À
cet
effet,
Lise
Demers
s'est
livrée
à
un
bel
exercice
de
sensibilisation.
Écrit
rondement
et
mené
tambour
battant,
son
roman
est
d'autant
plus
méritoire
qu'il
dénonce
la
perversité
logée
à
l'enseigne
de
Dieu.
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