Tibo,
Gilles.
Le
Mangeur
de
pierres.
Éd.
Québec
Amérique,
2001,
191
p.
L'Île
de
l'intolérance
Un
cap
en
forme
de
main
pare
une
île
du
fleuve
Saint-Laurent,
sur
laquelle
vivent
des
pêcheurs
peu
amènes
à
cause
de
leur
isolement
et
du
décor
austère
qui
ont
façonné
leur
âme.
Si
par
malheur
naît
un
membre
différent
de
la
communauté,
comme
l'admet
la
grand'mère
à
propos
de
son
petit-fils,
il
sera
rejeté
au
point
de
vouloir
quitter
l'île.
C'est
ce
qui
arrive
à
Gravelin
qui
n'est
pas
attiré
par
la
mer.
Incompris,
même
de
ses
parents,
il
devient
un
primitif
enchaîné
aux
éléments
terrestres,
en
particulier
au
monde
des
pierres
dont
il
fait
son
régal.
Comme
Prométhée
qui
trouvait
une
odeur
humaine
aux
pierres,
Gravelin,
lui,
leur
trouve
un
goût.
En
fait,
ce
roman
est
un
conte
mythologique
pour
adulte.
Eschyle
vient
de
trouver
un
digne
disciple
en
Gilles
Tibo.
Cet
auteur
a
fait
de
son
héros
un
être
doublement
enchaîné
à
cause
de
son
mutisme,
voisin
de
l'autisme.
Les
oiseaux
de
mer
sont
par
contre
sa
consolation.
Ils
ne
viennent
pas
lui
manger
le
foie.
Au
contraire,
leur
chair
sert
à
le
nourrir
et
leur
sang
à
le
désaltérer.
Même
leurs
plumes
contribueront
à
faire
converger
l'amour
vers
le
héros,
qui
les
sème,
comme
un
petit
Poucet,
de
sa
belle
jusqu'à
son
antre.
Seulement
compris
de
sa
grand'mère,
qui
s'occupait
des
enfants
de
l'île,
il
jette
son
dévolu
à
sa
mort
sur
Élisabeth
à
qui
on
a
confié
de
prendre
la
relève.
Son
apprivoisement,
quoique
malhabile,
est
concluant.
C'est
leur
malheur
qui
les
attire
et
qui
les
pousse
vers
une
fuite
risquée,
qui
laisse
présager
que
ce
roman
connaîtra
une
suite.
Ce
conte
magique
rappelle
ceux
de
notre
enfance.
Une
fois
encore,
la
bêtise
humaine
s'acharne
sur
les
enfants
comme
le
loup
sur
le
petit
chaperon
rouge.
Dans
une
langue
poétique,
l'auteur
dénonce
l'intolérance
comme
John
Steinbeck
dans
Des
souris
et
des
hommes.
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