Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Vézina, France.

Léonie Imbeault. Éd. XYZ, 2005, 292 p.

Écouter sa voix intérieure

Les gens dépressifs pourraient être réconfortés en lisant Léonie Imbeault de France Vézina. Ce roman a le pouvoir d'insuffler le goût de vivre à quiconque souhaite mettre un terme à sa neurasthénie, engendrée parfois par des personnes bien intentionnées, souvent des parents qui détournent de leur route ceux qu'ils veulent aider.

C'est le cas pour Léonie, une fille qui rue comme un cheval rétif dans les brancards. L'héroïne n'accepte aucun carcan. Elle n'est pas révoltée, mais elle veut être libre comme le vent afin de combiner l'imaginaire et la réalité. Pour Léonie, l'onirisme doit s'incarner. Personne ne parviendra à la faire dévier de son objectif, pas même une cure en psychiatrie ni une détention dans un centre de réadaptation. Ses intentions s'affermissent dans l'écriture d'un conte équin qui, comme un grimoire, établit ce qui confère la liberté. Aujourd'hui, les médecins la bourreraient de ritalin pour soi-disant l'assagir. Ce personnage est le fruit de la plume d'Émilie Lajoie, une veuve qui s'est vu refuser un scénario de film. Petit à petit, elle le transforme en roman, celui de l'histoire de Léonie dont les aspirations incarnent celles de sa génitrice. En somme, nous assistons à la naissance douloureuse d'une œuvre conçue pour sauver l'âme d'une femme en quête de salut par l'écriture.

France Vézina démontre comment les rêves peuvent servir de levier à l'humanité. Elle nous invite à quitter le licou auquel s'accrochent ceux qui veulent orienter notre vie pour obéir à la voix de l'imagination. La trame tisse la dynamique de deux protagonistes qui partagent en fait le même idéal. L'une est l'écho de l'autre, et chacune est emportée par le tourbillon onirique qui conduit vers le paradis malgré les obstacles. Ça donne une œuvre un tantinet nouvel âge, capable d'apaiser les pessimistes en quête de rédemption. Mais il faudra beaucoup de patience pour suivre les dédales foisonnants d'une œuvre poétique, mais trop bavarde.