Desrosiers,
Léo-Paul.
Les
Engagés
du
Grand
Portage.
Éd.
BQ,
1988,
219
p.
La
Traite
des
fourrures
Le
coureur
des
bois,
l'aventurier
de
jadis,
quittait
son
nid
douillet
pour
les
pays
d'En-Haut
afin
de
soutenir
l'économie
du
pays
avec
les
fourrures
obtenues
en
échange
de
verroterie
et
d'eau-de-vie
qui
rendait
malades
les
troqueurs
amérindiens.
Plus
le
temps
passe,
plus
c'est
pareil.
Aujourd'hui
on
échange
des
médicaments,
peut-être
périmés,
pour
du
pétrole.
Dans
Les
Engagés
du
Grand
Portage,
Léo-Paul
Desrosiers
aborde
le
thème
de
la
traite
des
fourrures
telle
qu'elle
se
pratiquait
au
début
du
X1Xe
siècle.
Le
héros,
Nicolas
Montour,
part
donc
cueillir
la
précieuse
manne
de
la
toundra
comme
employé
de
la
Compagnie
du
Nord-Ouest
dirigée
par
McTavish.
Tout
au
cours
du
voyage
naît
une
rivalité
avec
Turenne,
un
compagnon
de
voyage.
Elle
s'accroît
davantage
quand
Cournoyer,
le
responsable
de
l'expédition,
laisse
sous-entendre
au
héros
qu'il
l'établira
comme
chef
du
fort
de
Chipewyan,
un
poste
de
traite,
dans
le
pays
de
Rabaska.
Il
n'en
fallait
pas
plus
à
l'ambitieux
Montour
pour
se
montrer
zélé.
Il
se
rendra
dans
les
régions
les
plus
reculées
pour
arracher
aux
aborigènes
l'or
poilu
qui,
pense-t-il,
le
rendra
immensément
riche.
C'est
mal
connaître
les
premiers
habitants
du
pays.
Sa
déveine
l'amène
à
renoncer
à
son
engagement
envers
McTavish
pour
passer
au
service
d'une
autre
compagnie.
L'auteur
passe
au
crible
les
dessous
de
cette
pratique
commerciale.
Ce
n'est
pas
du
tout
édifiant.
Le
coureur
des
bois
n'avait
déjà
pas
très
bonne
réputation
lors
du
siècle
précédent.
On
le
considérait
comme
un
rebelle
qui
fuyait
les
normes
établies
pour
la
culture
autochtone
plus
permissive.
Comme
la
colonie
vivait
des
fruits
de
son
travail,
il
fallait
bien
le
tolérer,
mais
tout
en
le
condamnant.
Les
rumeurs
peu
flatteuses
à
son
endroit
firent
en
sorte
qu'on
le
désigna
plus
tard
sous
un
vocable
plus
noble,
soit
celui
de
voyageur.
Les
mauvaises
langues
qui
disent
qu'il
n'y
a
pas
de
fumée
sans
feu
ont
raison
pour
une
fois.
Nicolas
Montour
est
prêt
à
tout
pour
réussir.
On
ne
se
déplace
pas
avec
un
fusil
en
bandoulière
comme
élément
de
décoration.
C'est
plutôt
un
élément
de
persuasion
quand
le
troc
s'avère
serré.
L'auteur
signale
tous
les
aspects
qui
font
de
la
traite
des
fourrures
un
commerce
plutôt
sale.
On
pense
en
lisant
ce
roman
au
trafic
illicite
des
enfants
enlevés
pour
remplir
les
banques
d'organes
ou
pour
satisfaire
les
passions
des
dépravés.
C'est
écrit
sans
ménagement
pour
mettre
fin
à
l'image
d'Épinal
qui
montre
qu'au
pays
du
caribou,
tout
est
pur
sous
le
blanc
manteau
de
l'hiver,
comme
se
plaisait
à
l'écrire
l'abbé
Casgrain,
un
critique
de
notre
littérature
à
son
époque.
À
partir
de
1930,
les
écrivains
brisent
la
tradition
du
saint
québécois
attaché
à
son
lopin
de
terre
qu'il
cultive
avec
amour.
On
fait
ressortir
l'hypocrisie
engendrée
par
la
crainte
des
autorités
religieuses
et
militaires.
Avec
ce
roman
apparaît
le
goût
de
l'aventure,
de
la
nature,
des
thèmes
jadis
bannis
pour
ne
pas
susciter
la
malveillance
des
dirigeants
à
l'égard
de
ceux
qui
dévient
de
la
vocation
agricole
à
laquelle
ils
sont
appelés.
La
littérature
de
cette
époque
suscite
une
première
libération
qui
amène
le
Québec
vers
son
urbanisation.
Ce
serait
dommage
de
passer
à
côté
de
cet
incontournable
réédité
trois
fois
dans
la
même
année
par
Gallimard
en
1938.
Léo-Paul
Desrosiers
est
un
technicien
de
l'écriture,
qui
s'exprime
dans
une
langue
exempte
de
rides.
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