Chung,
Ook.
L'Expérience
interdite.
Éd.
du
Boréal,
2003,
190
p.
L'Exploitation
des
écrivains
Ook
Chung
est
arrivé
à
Montréal
à
l'âge
de
deux
ans.
Il
est
né
au
Japon
de
parents
coréens.
Comme
écrivain,
il
compte
quatre
oeuvres
à
son
actif,
dont
sa
dernière
est
L'Expérience
interdite.
Avec
ce
roman,
Ook
Chung
nous
plonge
dans
un
univers
peu
familier
aux
Occidentaux,
soit
la
culture
des
perles
et
le
trafic
de
la
bile
d'ours.
L'auteur
se
fait
pédagogue
en
incluant
sa
connaissance
des
sujets
évoqués
pour
nous
mener
au
cœur
d'une
dynamique
beaucoup
plus
large.
À
partir
d'un
parallèle
allégorique,
il
définit
la
particularité
de
l'écrivain
au
sein
de
l'humanité.
La
linéarité
étant
inversée,
il
nous
présente
d'abord
les
objectifs
que
Bill
Yeary
a
atteints.
C'est
dans
la
troisième
partie
de
l'œuvre
que
nous
apprenons
comment
lui
est
venue
cette
idée
machiavélique
d'exploiter
une
usine
d'écrivains
sur
l'île
de
Guam
au
large
des
Philippines.
Après
la
mort
d'Ama,
sa
bien-aimée
pêcheuse
de
perles,
il
s'intéresse
à
cette
industrie
afin
de
s'enrichir
promptement.
Après
son
échec
dans
le
domaine,
le
héros
se
tourne
vers
un
commerce
peu
connu
en
Occident,
soit
la
vente
de
la
bile
d'ours,
dont
on
se
sert
dans
la
pharmacopée
chinoise
pour
guérir
les
maladies
de
l'estomac.
L'auteur
nous
familiarise
donc
avec
ce
trafic
clandestin
très
lucratif
et
illicite
même
en
Asie.
Comme
Bill
est
friand
de
fric,
il
imagine
une
application
des
techniques
employées
avec
les
ours
à
des
écrivains
afin
de
les
inciter
à
produire
des
chefs-d'œuvre.
Dans
un
château,
il
réussit
à
réunir
des
hommes
qu'il
encage
après
leur
avoir
fixé
un
genre
de
robinetterie
pour
cueillir
la
bile
qu'ils
secrètent.
Ainsi,
Bill
Yeary
pense-t-il
obtenir
plus
facilement
d'eux
des
oeuvres
majeures
qui
feront
sa
fortune.
L'auteur
explique
avec
conviction
comment
cette
idée
farfelue
peut
prendre
forme.
La
propension
à
la
misanthropie
du
héros
l'amène
à
accueillir
chez
lui,
les
éclopés
de
la
vie
ou
les
solitaires
qui
préfèrent
vivre
en
ermite.
Ces
derniers
sont
des
hikikomori,
des
reclus
plus
ou
moins
volontaires.
Il
va
compter
aussi
sur
les
parents
prêts
à
vendre
leurs
enfants
pour
un
pécule
parfois
ridicule.
Nul
remords
n'affecte
le
héros,
qui
se
dit
que,
partout
à
travers
le
monde,
on
se
livre
à
des
trafics
honteux
sans
que
personne
ne
proteste.
Au
banquet
de
la
vie,
on
profite
allègrement
de
la
sueur
des
autres,
même
de
celle
des
écrivains.
Dieu
n'a-t-il
pas
condamné
l'homme
à
souffrir
et
à
mourir?
Pourquoi
donc
ne
pas
devancer
son
destin?
Ook
Chung
dénonce
cette
vision
misanthrope,
porteuse
des
pires
horreurs.
Son
roman
est
une
mise
en
garde
contre
toute
tentative
de
réduire
l'humanité
à
une
espèce
de
Yeti.
L'auteur
oriente
surtout
son
projecteur
sur
les
écrivains
pour
qu'ils
se
libèrent
des
pratiques
esclavagistes
attenantes
à
leur
métier.
L'expérience
interdite
que
l'on
décrit
est
incorporée
dans
une
allégorie
facile
à
saisir
à
cause
d'une
écriture
dépouillée
d'artifices.
En
plus,
c'est
très
instructif.
Bref,
ce
roman
inspiré
de
la
science-fiction
fait
la
promotion
de
l'être
humain
tout
en
dévoilant
la
face
cachée
de
l'exotisme.
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