Élie,
Jérôme.
L'Homme
qui
pesait
plus
lourd
nu
qu'habillé.
Éd.
Pleine
Lune,
1999,
134
p.
Perte
d'identité
Il
y
a
de
ces
petits
romans
plus
révélateurs
que
certains
pavés.
En
134
pages,
l'auteur
réussit
à
creuser
l'énigme
de
notre
existence
dans
son
apparente
banalité.
C'est
un
petit
chef-d'œuvre,
qui
évite
le
langage
abscons
des
spécialistes
de
l'être
humain
et
de
la
science.
De
prime
abord,
le
roman
se
présente
comme
une
rupture
amoureuse.
Une
femme
éconduit
son
homme
dont
les
désirs
se
portent
ailleurs.
Comme
elle
n'est
pas
intéressée
à
former
le
troisième
côté
d'un
triangle,
elle
aime
mieux
se
départir
de
ce
qu'elle
a
perdu
de
toute
façon
:
"
Si
je
te
garde,
je
te
perds.
"
Le
héros
quitte
donc
le
foyer
conjugal.
Dans
sa
fuite
rapide,
une
chauve-souris
vient
s'écraser
dans
le
pare-brise
de
sa
voiture,
provoquant
ainsi
un
accident
qui
le
rendra
étranger
à
lui-même,
pour
ne
pas
dire
autiste.
Ce
court
prologue
pose
la
question
de
la
fragilité
de
notre
existence.
Tient-elle
à
un
fil
que
n'importe
quel
incident
pourrait
couper?
Chassé
de
son
identité,
le
héros
s'amène
chez
le
psy
pour
découvrir
l'énigme
qu'il
est
devenu
à
ses
propres
yeux.
Il
n'en
continue
pas
moins
son
travail
de
recherche
scientifique.
Il
met
au
point
un
détecteur
de
mensonge
par
l'inflexion
de
la
voix.
Cet
élément
de
science-fiction
est
bien
intégré
aux
préoccupations
métaphysiques
du
héros.
La
science
serait-elle
une
projection
de
ce
que
nous
sommes,
comme
le
laisse
entendre
Marshall
McLuhan?
A-t-elle
l'objectivité
nécessaire
pour
nous
révéler
ou
ne
serions-nous
pas
"
la
bave
de
nos
très
anciennes
peurs
"?
Sa
recherche
démontre
en
somme
que
l'homme
mis
à
nu
est
plus
lourd
qu'il
n'y
paraît.
Cet
aspect
scientifique
débouche
sur
la
philosophie.
L'invention
du
héros
sert
de
prétexte
pour
démontrer
que
tous
mentent.
Nous
préférons
le
mensonge
à
la
vérité.
Nous
préférons
même
comme
lecture
des
oeuvres
qui
nous
"
égarent
dans
un
rêve
d'immortalité
".
Comme
disait
Jean-François
Revel
:
"
L'homme
n'a
pas
besoin
de
savoir,
il
a
besoin
de
croire
".
L'auteur
passe
ainsi
en
revue
nos
croyances
en
rapport
avec
la
politique,
la
publicité,
la
religion,
l'amour
et
évidemment
la
mort.
Sa
critique
sévère
n'épargne
personne,
même
pas
le
pape
qu'il
trouve
un
peu
trop
avide
de
caméras.
Nous
sommes
un
peu
tous
des
autismes
qui
vivent
dans
leurs
bulbes.
Cette
maladie,
qui
jouit
de
l'intérêt
des
spécialistes
comme
Oliver
Sacks,
trouve
dans
ce
roman
une
voix
dans
le
personnage
de
Zidowski.
Même
le
célèbre
américain
apparaît
dans
l'œuvre
sous
la
peau
d'Olive
que
le
héros
a
consultée.
Mais
la
charmante
neurologue
est
beaucoup
plus
préoccupée
par
ses
fantasmes
que
par
sa
profession.
On
le
sent
dans
le
dénouement
quand
elle
accourt
auprès
de
son
savant
patient.
Ce
roman
accessible,
aussi
philosophique
soit-il,
se
prête
à
plusieurs
interprétations.
Bref,
c'est
l'histoire
très
moderne
d'un
homme
que
les
démons
ont
rendu
énigmatique
à
ses
propres
yeux.
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