Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Petrowski, Nathalie.

Maman, last call! Éd. du Boréal, 1995, 133 p.

La Maternité de la star de 30 ans

Une star trentenaire peut-elle avoir un enfant sans risquer de mettre en péril son emploi ou son statut de vedette? Il faut dire que l'auteur de ce roman est aussi une vedette du monde journalistique qui, comme Denise Bombardier, a son franc-parler. Un jour, elle s'est posé la question de la maternité comme d'ailleurs sa consœur. On connaît leur réponse puisque toutes deux sont des mères et des journalistes très actives.

Comme écrivain, Nathalie Petrowski a une plume flamboyante à l'image de son caractère. Pour partager le dilemme que son état de femme lui a imposé, elle a écrit un roman touchant intitulé Maman last call. La trentaine finissante sonne le dernier appel pour celles qui veulent devenir maman. La question impérieuse est insidieuse surtout quand on a défendu l'avortement dans moult chroniques. Et l'on peut s'imaginer l'angoisse de l'héroïne qui a conçu un enfant avec son homme lors d'une nuit hystérique que l'alcool a rayée de son souvenir. Oh, surprise! Un don de la vie pour compenser un manque de condoms. Et c'est toujours la femme qui est prise pour recevoir le cadeau, surtout aujourd'hui, quand le consensus occidental veut qu'elle soit maîtresse absolue de son corps.

Avec une plume incisive et alerte, Nathalie Petrowski fait le tour complet de la question, tout en soulignant le manque de générosité qui caractérise notre société hédoniste et égoïste Elle termine son roman par une lettre qu'elle adresse à Oriana Fallaci, auteur italien de Lettre à un enfant jamais né, pour lui dire que, selon son expérience, il est faux de croire que la maternité détruise une carrière. Il faut lui donner raison si l'on se fie à la vie professionnelle qu'elle mène. Et Maman last call est intéressant aussi pour se familiariser avec l'univers médiatique, où l'on joue énormément du coude afin d'y exercer sa profession.

Nathalie Petrowski parvient à démontrer que la femme peut tirer son épingle du jeu dans une société réductrice du potentiel humain. Mais pour y arriver, il faut mener un combat acharné contre l'esprit du temps qui conçoit l'enfant comme un obstacle à l'émancipation féminine.