Bouchard,
Louise-Anne
Montréal
privé
Éd.
Lanctôt,
2003,
69
p.
Le
Dégoût
de
vivre
à
Montréal
G
énéralement,
les
écrivains
migrants
n'ont
qu'une
seule
source
d'inspiration
:
leur
pays
d'origine.
Après
moult
décennies,
jamais
le
pays
d'accueil
n'est
parvenu
à
leur
fournir
l'ombre
d'une
seule
idée
pour
alimenter
leur
art
romanesque.
Le
regretté
Émile
Ollivier,
Danny
Laferrière,
Georges
Anglades,
Sergio
Kokis,
Aki
Shimazaki,
Ying
Chen
n'ont
pas
écrit
d'œuvre
qui
implique
leurs
nouveaux
concitoyens.
Il
y
a
de
rares
exceptions.
Louise
Anne
Bouchard
a
vécu
le
cheminement
inverse.
C'est
une
Montréalaise
qui
vit
en
Suisse.
Elle
choisit
les
villages
helvétiques
pour
camper
ses
personnages.
Mais
en
2003,
elle
a
fait
une
distorsion
à
ses
habitudes.
Dans
Montréal
privé,
elle
nous
raconte
son
bref
séjour
dans
sa
ville
natale.
Ce
roman
de
69
pages
ressemble
moins
à
une
œuvre
littéraire
qu'à
un
règlement
de
compte.
D'ailleurs
l'écriture
peu
soignée
laisse
deviner
que
l'auteur
a
rédigé
rapidement
les
accusations
de
son
héroïne
contre
ses
parents,
contre
l'un
de
ses
anciens
professeurs
du
cégep
et
contre
la
population
en
général.
Elle
semble
tenue
de
justifier
son
départ
avant
de
tourner
la
page
de
son
passé
montréalais.
Ceux
qui
ont
entouré
ses
jeunes
années
lui
ont
donné
le
dégoût
de
la
vie,
en
particulier
sa
famille
fort
peu
chaleureuse.
Mais
elle
en
veut
davantage
au
professeur
qui
l'a
déflorée
sans
qu'elle
ait
vraiment
consenti.
Quant
au
milieu
qu'elle
a
habité,
elle
ne
s'en
ennuie
pas.
Elle
trouve
que
les
Montréalais
francophones
se
comportent
de
plus
en
plus
comme
des
colonisés,
insensibles
au
recul
de
leur
culture
en
faveur
de
celle
des
autres.
Difficile
de
se
faire
servir
en
français
dans
les
restaurants,
elle
préfère
un
pays
où
elle
peut
s'exprimer
aisément
dans
sa
langue
maternelle.
Devant
le
manque
de
dynamisme
des
siens,
son
choix
semble
logique
à
ses
yeux.
Pour
elle,
seul
Jacques
Parizeau
manifeste
encore
un
brin
de
fierté
à
l'égard
de
sa
nation.
C'est
le
seul
qui
a
osé
dire
le
soir
du
référendum
de
1995
ce
que
chacun
savait.
Les
détenteurs
du
pouvoir
économique
et
l'immigration
massive
vont
engloutir
dans
un
avenir
pas
très
lointain
les
vestiges
francophones
du
Québec.
La
seule
chose
qu'elle
regrette,
c'est
de
pouvoir
marcher
dans
les
rues
enneigées
de
la
ville.
On
sent
qu'elle
en
a
marre
de
Montréal.
D'ailleurs,
l'héroïne
du
roman
a
assez
hâte
que
son
séjour
prenne
fin
pour
retourner
dans
son
pays
d'adoption,
où
elle
a
trouvé
l'homme
de
sa
vie.
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