Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Bussières, Paul.

Olimpia de la Havane. Éd. Robert Laffont, 2002, 344 p.

Cuba à l'heure de la dégringolade communiste

L'auteur situe son roman dans la lignée d'un communisme qui s'écroule. La population cubaine prévoyait de profonds changements après la chute du mur de Berlin. C'était mal connaître Fidel Castro, cet homme très énigmatique, qui ne craint pas de prendre une amante et de consulter des prêtres animistes.

La population, qui se livra à des petites magouilles capitalistes en espérant que le régime s'adoucisse, fut bien déçue. Des têtes dirigeantes furent condamnées, et les bars continuèrent à n'offrir que de l'eau à leurs clients. Olimpia, la confidente de plusieurs " camarades " qui venaient lui exprimer ses doléances du fait qu'elle fréquentait les décideurs cubains, commençait elle-même à perdre espoir, d'autant plus que ceux qu'elle aimait quittaient l'île clandestinement vers les États-Unis sur des bateaux de fortune.

L'auteur présente un roman de fiction politique bien documenté. Parfois le style s'appesantit, mais l'intérêt se maintient pendant 400 pages. J'ai aimé ce bouquin parce que c'est modéré et que la crise décrite par l'auteur est présentée dans le cadre de la vie de ceux qui l'ont vécue. Ce n'est pas l'ouvrage d'un spécialiste qui vient t'expliquer la crise cubaine de 1980. Ça reste un roman avec des personnages touchants. Même Fidel est du nombre, et chacun se demande ce qu'il mijote de son inaccessible bureau. Il se dégage de l'ensemble une impression de courage et de mort dans l'âme, qui nous fait aimer le peuple cubain autant que les œuvres de Zoé Valdés.