Favreau,
Suzanne.
Où
sont
donc
les
vivants?
Éd.
de
la
Pleine
Lune,
1998,
308
p.
Découverte
de
son
orientation
sexuelle
Combien
de
gens
peuvent
proclamer
qu'ils
sont
heureux
?
On
se
rejoue
souvent
le
théâtre
de
son
existence
en
se
reprochant
de
ne
pas
avoir
osé
croquer
dans
la
vie
à
pleines
dents.
"
Où
sont
donc
les
vivants?
"
écrivait
Fernando
Pessoa
dans
Le
Livre
de
l'intranquillité.
Suzanne
Favreau
a
emprunté
cette
question
pour
titrer
son
roman
qui
raconte
l'histoire
de
Bernard
Sauriol,
le
jumeau
de
Bernardo
Soares,
l'antihéros
de
l'œuvre
de
son
confrère
espagnol.
Les
deux
se
défilent
devant
le
destin
au
lieu
de
l'arrimer
à
leurs
ambitions.
En
manipulant
habilement
l'intertextualité,
Suzanne
Favreau
présente
un
Montréalais
de
40
ans
qui
boude
la
vie.
Issu
d'une
famille
modeste
d'un
quartier
fréquenté
aujourd'hui
par
les
homosexuels,
il
a
quand
même
poursuivi
des
études
qui
l'ont
conduit
à
travailler
au
musée
de
la
monnaie
de
la
Banque
de
Montréal.
Mais
il
ne
profite
pas
de
ses
compétences
pour
promouvoir
sa
carrière.
Il
laisse
filer
la
chance
de
devenir
archiviste
de
cette
institution
bancaire,
comme
il
fuit
l'amour
d'une
chanteuse
pour
qui
il
a
le
béguin.
Il
rejette
tout
ce
qui
pourrait
l'enrichir
intérieurement.
Il
se
perçoit
comme
un
minus
sapiens,
indigne
de
l'intérêt
d'autrui.
Pourtant,
c'est
un
homme
cultivé
qui
s'y
connaît
en
musique
et
en
littérature.
C'est
en
s'attardant
dans
un
bar
du
Village
(quartier
gay)
qu'il
rencontrera
Jocelyn,
un
homme
qui
l'initiera
aux
plaisirs
de
vivre.
Là
encore,
il
lui
tournera
le
dos
à
cause
de
son
homosexualité.
Ce
refus
d'amitié
amorcera
chez
Bernard
un
questionnement
qui
le
mènera
à
la
découverte
de
sa
propre
orientation
sexuelle.
Sans
linéarité,
ce
roman
intimiste
s'attarde,
trop
longtemps
même,
aux
faits
marquants
de
la
vie
du
héros:
ses
liens
filiaux,
sa
vie
d'enfant
de
chœur,
ses
études
au
Collège
Sainte-Marie,
le
référendum
de
1995...
Il
faut
être
patient
parce
que
les
digressions
sont
fort
nombreuses
et
les
dialogues
intégrés
sans
tirets
à
l'intérieur
de
longs
paragraphes.
On
est
à
mille
lieues
du
minimalisme.
De
la
reliure
des
livres
anciens
aux
chanteurs
d'opéra
du
début
du
XXe
siècle,
le
roman
fait
un
tour
compact
des
passions
de
Bernard.
Ces
détours
ne
diminuent
en
rien
la
curiosité
soulevée
par
son
ambivalence
sexuelle.
Bref,
c'est
une
œuvre
riche
et
pleine
de
poésie,
qui
décrit
le
périple
indicible
d'un
homme
qui
se
gâche
la
vie
en
se
refusant
le
droit
à
l'affirmation.
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