Girard,
André.
Port-Alfred
Plaza.
Éd.
Québec
Amérique,
2007,
206
p.
Une
ville
portuaire
du
Saguenay
Le
roman
d'époque
est
fort
apprécié
si
l'on
se
fie
au
succès
des
œuvres
d'Arlette
Cousture,
de
Marie
Laberge
ou
de
Michel
David.
Ces
auteurs
ont
dressé
des
monuments
à
ce
que
nous
fûmes,
perpétuant
ainsi
la
tradition
des
écrivains
qui,
comme
Ringuet,
décrivaient
les
mœurs
de
leur
temps.
Notre
littérature
facilite
sûrement
la
recherche
des
sociologues
qui
se
penchent
sur
"
le
lieu
de
l'homme
"
à
l'instar
de
Fernand
Dumont.
Avec
son
nouveau
roman,
André
Girard
fournit,
lui
aussi,
de
l'eau
au
moulin
en
choisissant
de
tracer
le
portrait
de
la
population
de
Port-Alfred,
ville
industrielle
et
portuaire,
devenue
aujourd'hui
un
arrondissement
de
Ville-Saguenay.
Contrairement
au
rêve
agricole
du
curé
Labelle,
cette
municipalité
s'est
développée
grâce
au
bauxite
qui
entre
dans
la
composition
de
l'aluminium.
Importé
de
l'Amérique
du
Sud,
le
minerai
a
amené
au
port
un
nombre
impressionnant
de
marins
qui
ont
marqué
la
population..
André
Girard
s'attarde
avec
amour
à
ces
gens
à
travers
Étienne,
un
étudiant
venu
terminer
sa
thèse
en
muséologie
dans
un
hôtel
de
Port-Alfred.
La
donne
change
quand
il
découvre
huit
cassettes
enregistrées
par
un
autre
étudiant.
Intéressé
par
ce
qu'il
entend,
il
décide
d'en
écrire
un
roman
du
15
septembre
au
15
octobre.
Il
s'agit
des
propos
tenus
par
les
clients
de
la
taverne
du
Port-Alfred
Plaza,
l'hôtel
où
loge
justement
le
héros.
Ce
dernier
a
donc
l'occasion
de
les
rencontrer,
tels
Fernand,
le
barbier
retraité,
passionné
de
livres,
Lili,
la
prostituée,
toujours
amoureuse
d'un
marin
brésilien,
Simon,
un
jeune
débardeur
qui
rêve
de
devenir
capitaine
de
bateau,
Jean-Claude,
un
chauffeur
d'autobus
excité
par
les
passagères,
sans
compter
la
femme
de
ménage
qui
gère,
à
temps
perdu,
un
site
porno
fétichiste
destiné
aux
Japonais.
Limité
au
quotidien
des
protagonistes,
le
roman
serait
d'une
banalité
exaspérante.
André
Girard
a
su
éviter
ce
piège
en
tissant,
avec
des
mises
en
abîme
réussies,
le
passé
et
le
présent
de
ces
témoins
de
la
petite
histoire
de
Port-Alfred.
La
vraie
en
fait
parce
qu'ils
ont
subi
les
impacts
de
son
développement
et
de
son
déclin,
occasionné
par
les
progrès
technologiques
qui
ont
réduit
sensiblement
la
nécessité
de
la
main
d'œuvre.
Au
lieu
de
créer
une
œuvre
redondante
en
plusieurs
tomes,
l'auteur
a
tracé,
avec
une
économie
de
moyens,
l'image
presque
exhaustive
d'une
population
amoureuse
de
sa
ville.
Les
regrets
de
son
passé
glorieux
ne
retiennent
pas
ces
Saguenéens
d'imaginer
des
jours
meilleurs,
prêts
à
rompre
même
avec
leur
vécu
industriel
et
portuaire.
À
l'opposé
de
certains
citoyens
de
Hérouxville,
les
personnages
sont
ouverts
à
la
différence.
En
somme,
l'attachement
au
passé
ne
les
empêche
pas
de
rêver,
comme
Gilles
Vigneault,
d'un
monde
où
sont
conviés
tous
"
les
humains
de
l'horizon
".
Cet
hommage
aux
résidants
de
Port-Alfred
cèle
leur
voix
dans
un
chant
polyphonique
difficile
à
décrypter.
Mais
la
technique
magmatique
une
fois
décodée,
la
lecture
devient
passionnante.
La
méthode
nous
repose
de
l'attachement
sentimental
à
des
héros
plus
grands
que
nature.
Bref,
André
Girard
renouvelle
l'art
du
roman
d'époque
en
le
dépouillant
de
son
caractère
"
people
"
pour
accentuer
les
contrastes
créés
par
le
temps.
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