Aquin, Emmanuel

Prométhée. Éd. Leméac, 2005, 132 p.

Trouver son âme .

Emmanuel Aquin propulse le héros d'Eschyle dans un XXe siècle en pleine ébullition : " La chair et le sang étaient progressivement remplacés par le métal et l'électricité. Les chevaux se transformaient en automobiles, les oiseaux en avions, l'herbe en béton". Né en 1900, le jeune protagoniste du Prométhée de l'auteur québécois vivra à ses dépens tous les changements qui ont marqué le siècle dernier, de la der des ders jusqu'à la conquête du ciel.

Emmanuel Aquin propulse le héros d'Eschyle dans un XXe siècle en pleine ébullition : " La chair et le sang étaient progressivement remplacés par le métal et l'électricité. Les chevaux se transformaient en automobiles, les oiseaux en avions, l'herbe en béton". Né en 1900, le jeune protagoniste du Prométhée de l'auteur québécois vivra à ses dépens tous les changements qui ont marqué le siècle dernier, de la der des ders jusqu'à la conquête du ciel.

Dans ce monde qui évolue à un rythme vertigineux, le héros tente de trouver le Héraclès qui le délivrera de ses chaînes. Celles de sa mère dont il se débarrasse au moment de la Première Guerre mondiale, mais aussi celles de ce conflit qui le transforme en monstre, un peu à la manière du héros de Jean Barbe, qui tue en suivant la voie d'une conscience en mal d'articulation. Comment devenir un ange dans un monde assombri par la belligérance? Comment réparer le passé quand " plus personne ne porte attention aux églises agonisantes ", quand " la mode est aux voitures et aux gadgets " ? Le héros, resté en Europe après la guerre, s'applique à faire basculer les catastrophes de sa vie en rédemption. Pour s'y faire, il se consacre à la réfection des églises, voire à construire sa propre cathédrale pour restaurer le sacré devenu démodé dans un monde insensible aux problèmes de la foi. Dans cette tâche que le héros s'est donné, il est épaulé par son frère aîné qui, tel un Épiméthée, le frère de Prométhée, lui prodigue des conseils. C'est un visionnaire qui se sert de son cadet pour réaliser le rêve de sa vie : " préserver une croyance qu'il ne voyait pas. " Autrement dit, décortiquer la présence divine cachée par le Mal. Bref, l'auteur trace un portrait manichéen d'un siècle qui a troqué le crucifix pour le fusil.

Ce roman met en lumière tout le fond religieux sur lequel repose l'Occident. Avec des symboles bien choisis, l'auteur a construit un conte théologique qui fait ressortir l'importance de ses origines pour trouver son âme, même dans les ténèbres. La progression dramatique de l'intrigue court rapidement vers son dénouement à coups de rebondissements qui vont agacer le lecteur s'il ne tient pas compte du genre littéraire. Mais, grâce à une écriture dépouillée, le Prométhée d'Emmanuel Aquin intéressera tous ceux qui sont en quête de l'ion divin en eux, comme le comprenait Maître Eckhart.