Leclerc,
Rachel
Ruelle
Océan.
Éd.
du
Boréal,
2001,
169
p.
Filiation
maritime
Notre
littérature
compte
de
nombreux
cas
de
déracinement.
Nonobstant
les
oeuvres
des
auteurs
immigrants,
les
Québécois
racontent
aussi
le
déchirement
vécu
surtout
par
ceux
qui
ont
quitté
la
Gaspésie
ou
les
provinces
maritimes
pour
s'établir
à
Montréal.
Dans
Console-moi,
Marie
Gagnier
a
tracé
un
portrait
patent
de
la
transplantation
d'un
veuf
et
de
son
fils
dans
l'arrondissement
de
Pointe-aux-Trembles.
Avant
elle,
Rachel
Leclerc
avait
évoqué
celle
d'un
autre
veuf
et
de
sa
fille
dans
un
quartier
du
centre-sud
voisinant
le
"
village
gay
".
Infirmière
de
son
métier,
l'héroïne
habite
l'étage
d'une
maison
alors
que
son
père
occupe
le
rez-de-chaussée.
Diminué
par
un
infarctus,
ce
dernier
a
transformé
la
cour
en
bric-à-brac
pour
oublier
le
bruit
de
l'océan
que
lui
rappelle
douloureusement
celui
de
la
circulation
de
la
rue
Papineau.
Parfois,
"
il
vient
trôner
dans
son
royaume
de
pacotille,
arpentant
l'édifice
en
ruine
de
son
humanité
".
Quand
on
a
carburé
toute
sa
vie
à
l'eau
de
mer,
il
est
bien
difficile
d'apaiser
sa
soif
avec
les
effluves
du
monoxyde
de
carbone.
Ce
déracinement
rime
avec
déchéance.
Son
père
n'est
pas
l'unique
miséreux
du
quartier.
La
population
de
l'arrondissement
est
formée
d'un
ramassis
de
tous
les
perdants
à
la
loterie
de
la
vie.
L'empathie
pousse
donc
l'héroïne
à
couvrir
de
baume
les
plaies
de
ces
gens
qu'elle
a
la
chance
de
rencontrer
dans
le
CLSC
où
elle
travaille.
Si
l'auteure
souligne
les
conditions
défavorables
des
habitants
blottis
aux
abords
du
pont
Jacques-Cartier,
elle
analyse
aussi
les
circonstances
entourant
le
destin
de
son
héroïne,
marqué
par
l'absence
de
la
mère.
Elle
a
été
élevée
dans
un
milieu
étranger
à
sa
famille
avant
de
retourner
chez
son
père,
un
homme
sévère,
qui
semblait
vivre
sur
une
ferme
abandonnée.
C'est
là,
dans
une
vieille
Buick
remisée
dans
la
grange,
qu'elle
s'initiera
à
l'amour
avec
un
autostoppeur
en
route
vers
la
Gaspésie.
Mais
quand
l'être
aimé
est
un
noir,
il
ne
faut
pas
compter
sur
l'aval
paternel.
Son
père
n'a
pas
su
l'accompagner
vraiment
sur
le
chemin
de
la
vie.
Comment
reconnaître
alors
sa
filiation
?
Seule
la
mer
fournira
la
réponse
à
l'héroïne,
incapable
de
le
haïr.
Malgré
ces
renseignements,
le
volet
des
origines
manque
d'ouverture.
Il
ne
laisse
pas
filtrer
suffisamment
les
tenants
qui
aboutissent
à
la
vie
montréalaise
des
héros.
L'auteure
a
choisi
plutôt
l'angle
de
la
misère
humaine,
en
passant
sous
silence
ce
qui
l'engendre.
Enrobé
dans
une
écriture
fine
et
poétique,
ce
roman
fait
appel
en
somme
aux
bons
sentiments.
|