Drouin,
Pierre-Marc.
Si
la
tendance
se
maintient
.
Éd.
Québec
Amérique,
2010,
245
p.
Crise
identitaire
du
Québec
«
Je
ne
veux
pas
passer
pour
un
looser
»,
telle
fut
la
réponse
d’un
étudiant
à
qui
je
demandais,
alors
que
j’étais
professeur,
pourquoi
il
ne
parlait
pas
français
en
dehors
de
la
classe.
Avec
son
roman,
Pierre-Marc
Drouin
illustre
sa
réponse.
Le
héros,
Jean-François
Gagnon,
voudrait
être
plus
rat,
mais
il
réalise
qu’il
est
un
raté.
Élevé
par
des
parents
qui
l’ont
abandonné
à
son
sort
en
se
séparant
et
choisi
comme
souffre-douleur
à
l’école,
il
a
perdu
forcément
l’estime
de
soi.
Ses
études
collégiales
terminées
à
Sainte-Anne,
il
décide
de
s’inscrire
en
sciences
politiques
à
l’université
de
Montréal.
Escomptant
affermir
ainsi
une
personnalité
qui
le
déclasse
aux
yeux
d’autrui,
il
lui
est
apparu
que
l’ailleurs
représentait
une
panacée
inespérée.
Il
apprend
à
ses
dépens
qu’on
ne
guérit
pas
d’un
cancer
de
l’âme
en
transbahutant
ses
pénates.
La
métropole
n’est
pas
l’antichambre
du
bonheur.
Dichotomie
séculaire
au
Québec,
qui
oppose
la
ville
aux
régions,
comme
l’a
fait
le
poète
Marcel
Clément
dans
Les
Soirs
rouges.
Le
héros,
qui
se
projette
dans
l’avenir
–
c’est
fort
compréhensible
–
sent
que,
pour
ne
pas
disparaître,
son
salut
viendra
de
l’importance
qu’il
accordera
à
son
passé.
Iconoclaste,
il
effectue
donc
un
virage
de
180
degrés
pour
renouer
avec
un
amour
de
jeunesse,
qui
lui
avait
appris
à
rire.
Dans
son
miroir,
il
découvre
enfin
un
homme
qui
lui
a
souri.
C’est
le
début
d’un
temps
nouveau
parce
qu’il
veut
enfin
s’aimer,
comme
le
chante
son
presque
éponyme
Marc
Drouin.
Il
vit
sa
«
vinaigrette
»,
mais
une
cuillerée
de
sucre
peut
tempérer
l’acidulation.
Et
le
sucre
est
à
Baie-Comeau.
Cette
trame
serait
sans
saveur
si
elle
convoyait
l’apprentissage
de
la
génération
Y
en
quête
d’outils
pour
se
libérer
de
son
défaitisme.
Le
roman
dépasse
largement
l’expérience
d’un
auteur
de
Sainte-Anne-de-Sorel,
né
en
1985.
Il
s’agit
bien
d’une
fiction,
qui
rend
compte
d’un
amour
qui
ne
veut
pas
mourir.
Et
ne
pas
mourir
surtout
au
territoire
qui
peut
le
nourrir.
À
travers
son
personnage,
l’auteur
dresse
le
portrait
d’un
Québec
anémié
en
chapeautant
les
chapitres
d’un
titre
emprunté
à
l’actualité
politique
de
nos
défaites
nationales.
L’écriture
ne
porte
pas
encore
de
griffe
personnelle,
mais
le
don
inné
de
conteur
de
Pierre-Marc
Drouin
donne
lieu
à
un
bon
suspense.
Enfin,
son
roman
est
un
cri
du
cœur
pour
avertir,
comme
la
corne
de
brumes,
que
«
si
la
tendance
se
maintient
»,
l’idéal
des
premiers
bâtisseurs
est
voué
à
l’oubli
sous
les
silences,
qui
n’osent
affirmer
l’identité
du
Québec.
Son
discours
rejoint
ainsi
les
préoccupations
de
Philippe-Jean
Poirier
dans
Jos,
un
roman
consacré
à
Jos
Montferrant,
un
homme
légendaire
de
par
sa
force
herculéenne.
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