Dionne,
Germaine
2.
Éd.
du
Boréal,
2004,
130
p.
Relations
mère-fille
Pour
chacun
de
ses
deux
romans,
Germaine
Dionne
aborde
les
relations
parentales.
Avec
Tequila
bang
bang,
elle
retrace
le
parcours
d'une
femme
qui,
après
un
séjour
aux
États-Unis,
est
retournée
dans
son
village,
situé
non
loin
de
Baie-Comeau.
Avant
d'être
une
œuvre
qui
décrit
les
rapports
d'une
mère
et
de
sa
fille,
c'est
une
œuvre
qui
fait
ressortir
l'oisiveté
pernicieuse
qui
envahit
les
villages
qui
souffrent
d'une
économie
en
perte
de
vitesse
à
cause
des
entreprises
vétustes
qui
ferment
leur
porte
les
unes
après
les
autres
après
avoir
raté
le
virage
technologique
des
récentes
décennies.
Et
comme
le
fleuve
est
vidé
de
sa
morue,
il
ne
reste
plus
à
la
population
peu
qualifiée
qu'à
attendre
une
nouvelle
manne
dans
le
bar
du
village,
en
occurrence
Le
Viking,
propriété
d'un
Français
qui
espère
s'enrichir
aux
dépens
des
désœuvrés.
Ce
cadre
sert
d'appui
au
roman,
qui
étale
sans
pudeur
la
vie
d'une
femme
incapable
de
vivre
à
la
hauteur
de
ses
aspirations,
et
qui
s'est
consolée
avec
le
sexe
et
la
tequila
bang
bang
(mixe
seven
up
et
grenadine).
Partie
vivre
en
Floride
avec
l'un
de
ses
amants,
elle
revient,
à
cause
de
la
maladie,
dans
son
patelin
où
elle
espère
habiter
la
maison
qu'elle
a
vendue
à
sa
fille
trois
ans
plus
tôt.
Cette
dernière,
revenue
de
Montréal
où
elle
travaillait
comme
traductrice,
ne
l'entend
pas
de
la
même
façon,
d'autant
plus
que
sa
mère
aurait
préféré
la
voir
s'étioler
"
au
fond
d'une
capote
".
Leurs
relations
à
couteaux
tirés
sont
évidemment
connues
de
tous
les
villageois,
dont
les
principales
activités
sont
de
s'épier
et
de
s'enivrer.
À
tour
de
rôle,
les
personnages
viennent
donner
comme
narrateur
leur
version
de
la
situation,
soulignant
certains
faits
d'arme,
mais
surtout
le
caractère
passionné
de
ces
deux
femmes
vouées
à
la
haine,
même
dans
la
mort.
En
somme,
l'auteure
trace
des
parcours
oubliés
par
le
bonheur.
La
fille
a
vécu
quelques
joies
avec
son
père,
un
mécanicien
disparu
le
jour
de
ses
huit
ans.
Nono,
l'épicier
dépanneur
du
coin,
l'a
déjà
gardée
alors
qu'il
était
adolescent.
Avec
lui,
elle
trouvait
un
peu
de
tendresse.
Hormis
ces
brefs
moments
heureux,
sa
vie
se
résume
à
celle
de
sa
mère
:
aller
boire
des
tequilas
bang
bang
au
bar.
Ce
village
abandonné
à
lui-même
ressemble
en
tous
points
à
ceux
qui
subissent
le
drame
de
la
désaffectation
par
les
plus
instruits
que
l'on
hait
et
que
l'on
envie
parce
qu'ils
ont
su
quitter
à
temps
un
milieu
qui
réduit
ses
habitants
à
la
médiocrité.
Pour
secouer
cette
atmosphère
déprimante,
on
organise
des
réjouissances
débiles
comme
le
concours
du
plus
grand
mangeur
de
hot
dog.
Le
nombre
impressionnant
de
festivals
qui
se
tiennent
chaque
été
au
Québec
prouve
assez
éloquemment
qu'on
ne
sait
plus
que
faire
pour
se
débarrasser
de
la
guigne
qui
frappe
des
agglomérations,
privées
parfois
de
leur
école,
voire
même
de
leur
église,
recyclées
en
restaurant
ou
en
théâtre
d'été.
L'auteure
parcourt
sans
linéarité
ces
tristes
vies,
respectant
de
par
son
écriture
la
truculence
de
la
population
qui
veut,
le
temps
d'une
soirée,
oublier
ce
qui
l'affecte.
Le
propos
manifeste
une
grande
compassion
pour
ces
gens
qui,
sous
l'effet
de
l'alcool,
s'envoient
"
chier
"
en
toute
amitié.
Il
ne
faut
pas
être
bigot
pour
apprécier
cette
œuvre
qui
s'attache
aux
âmes
humiliées
et
malheureuses
de
notre
société.
Malgré
certaines
maladresses
narratives,
ce
roman
pointe,
somme
toute,
les
manques
d'amour
qui
détruisent
les
ponts
entre
les
humains.
|