Blondeau,
Dominique.
Une
île
de
rêves.
VLB
éditeur,
2004,
198
p.
Le
Mythe
des
îles
Quitter
le
quotidien
qui
asservit
aux
contraintes
sociales
compose
sûrement
l'imaginaire
des
humains
en
quête
de
liberté.
De
nombreuses
œuvres
en
témoignent,
tels
Robinson
Crusoé
de
Defoe
et
L'Île
au
trésor
de
Stevenson.
Même
Yann
Martel,
dans
L'Histoire
de
Pi,
a
imaginé
une
île
enchanteresse
qui
se
révèle
mortelle
pour
les
utopistes
qui
croient
à
la
magie
des
thébaïdes.
Vivre
ses
rêves,
c'est
livrer
un
combat
à
finir
à
la
nature,
mais
aussi
à
son
moi,
comme
l'a
déjà
démontré
Melville
dans
Moby
Dick.
Avec
Une
île
de
rêves,
Dominique
Blondeau
ajoute
une
œuvre
originale
à
cette
thématique.
Comme
beaucoup
d'auteurs,
elle
prétexte
un
naufrage
pour
l'aborder.
Trois
jeunes,
partis
en
croisière
sur
un
voilier,
échappent
miraculeusement
à
la
mort
en
s'accrochant
à
des
débris
du
bateau,
qui
sont
drossés
vers
une
île
inconnue.
Les
héros
croient
fermement
qu'ils
seront
rapidement
repérés
étant
donné
les
moyens
technologiques
dont
on
dispose
aujourd'hui.
Après
cinq
longs
mois
d'attente,
il
leur
a
fallu
s'organiser
efficacement
pour
satisfaire
leurs
besoins
primaires
comme
s'abriter,
boire
et
manger.
Cette
toile
de
fond
musse
le
drame
psychologique
qu'engendre
toute
vie
sur
une
île,
en
particulier
si
les
héros
forment
un
trio
dépareillé.
Sophie
est
une
Québécoise,
née
d'une
mère
italienne,
Colleen
est
une
Torontoise
née
d'un
père
libanais
et
Charles
est
un
Belge
de
Namur.
Ce
n'est
pas
tant
le
choc
des
cultures
qui
incitera
à
la
division
que
leur
caractère
:
l'équanimité
de
Sophie
s'opposant
à
la
pugnacité
de
Colleen,
les
deux
femmes
s'opposant
au
machisme
de
Charles.
Leur
singularité
surgit
évidemment
d'un
passé
qui
les
a
moulés
selon
les
normes
parentales.
Sans
être
féministe,
l'œuvre
s'attarde
volontiers
sur
la
grande
vulnérabilité
du
sexe
fort.
Pour
que
la
guerre
n'éclate
pas,
chacun
comprendra
qu'il
devra
mettre
de
l'eau
dans
son
vin,
ne
serait-ce
que
pour
assurer
sa
survie.
C'est
la
grande
leçon
qu'en
tire
l'auteur.
Il
est
ensorcelant
de
se
retrouver
sur
une
île,
même
de
rêves,
mais
encore
faut-il
lui
donner
une
identité
pour
s'y
reconnaître.
Il
est
difficile
de
vivre
sans
carcans.
Il
faut
s'en
créer
de
nouveaux
en
impliquant
autrui.
Les
utopies
doivent
embraser
l'entourage,
qui
ne
se
laisse
pas
nécessairement
manipuler.
Pour
atteindre
ce
but,
une
plongée
en
apnée
s'avère
obligatoire
pour
démêler
les
intrigues
de
la
personnalité
qui
isolent
d'autrui.
La
connivence
devient
la
règle
si
l'on
veut
survivre
dans
un
lieu,
même
mythique.
Le
pépiement
des
oiseaux,
le
clapotis
des
vagues
et
la
nature
abondante
causent
à
la
longue
le
tournis
aux
âmes
les
mieux
intentionnées.
Le
caractère
antithétique
des
oasis
est
souligné
avec
une
grande
justesse.
Le
roman
ne
ressemble
pas
à
un
exposé
dogmatique.
Il
faut
déployer
quand
même
beaucoup
d'attention
pour
suivre
le
développement
de
la
thématique
parce
qu'il
passe
par
la
mise
en
abîme
des
trois
héros,
sans
compter
que
peu
de
rebondissements
soutiennent
l'intérêt
de
ce
suspense
psychologique
qui
tourne
parfois
en
rond.
Il
reste
que
l'on
peut
attendre
fébrilement
le
dénouement,
impliquant
une
conclusion
sur
le
sens
de
notre
présence
au
monde
que
l'on
ne
peut
affronter
sans
devenir
fou
si
l'on
ne
s'imbrique
pas
dans
un
réseau
de
bonnes
relations,
voire
amoureuses,
avec
autrui.
Le
roman
respecte
la
vie
qui
emmêle
savamment
toutes
ses
composantes.
Ainsi
l'œuvre
apparaît
comme
un
écheveau
que
le
lecteur
est
appelé
à
démêler.
La
forme
du
contenu
se
perpétue
dans
l'écriture.
On
dirait
un
torrent
qui
ne
sait
s'arrêter
à
cause
de
l'absence
des
barrages
formés
par
les
chapitres
et
la
ponctuation.
C'est
un
tout
tissé
serré
qui
manque
d'aération.
Mais
c'est
un
style
que
l'auteur
exploite
avec
une
maîtrise
consommée,
comme
Marie-Claire
Blais
dans
La
Foudre
et
la
Lumière.
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