Bellefeuille,
Normand
de.
Votre
appel
est
important.
Éd.
Québec
Amérique,
2006,
142
p.
Le
Squelette
dans
le
placard
L'être
humain
peut-il
vivre
heureux
sans
ses
manies,
ses
rituels
et
ses
superstitions
qui
accompagnent
sa
vie
quotidienne?
À
l'instar
du
joueur
de
hockey
qui
se
signe
en
sautant
sur
la
patinoire,
les
personnages
de
Normand
de
Bellefeuille
cachent
tous
un
squelette
dans
le
placard.
Simon,
le
héros
du
recueil,
s'applique
à
les
débusquer
sur
la
recommandation
de
sa
grand'mère
Alice,
fatiguée
de
se
faire
scruter
par
son
petit-fils.
"
Pense
un
peu
à
tous
ces
autres
possédés
",
lui
dit-elle.
Eux
aussi
ont
besoin
de
sentir
que
leur
appel
de
détresse
est
important.
Comme
dirait
le
cinéaste
Gregory
Hoblit,
il
faut
trouver
la
"
fracture
"
qui
nous
rend
vulnérables.
Au
cours
des
19
nouvelles
marquées
par
l'homogénéité,
le
héros
compatit
avec
les
déviances
d'autrui
ou
illustre
le
mécanisme
qui
les
engendre,
comme
ce
cadre
d'une
maison
d'édition
qui
éprouve
du
plaisir
à
rédiger
des
lettres
très
personnalisées
pour
refuser
le
manuscrit
des
écrivains.
Si
l'auteur
pointe
les
failles
de
notre
carapace,
il
n'en
est
pas
pour
autant
un
misanthrope.
Il
sait
faire
ressortir
l'aspect
caricatural
du
grain
de
sable
qui
enraie
la
mécanique
humaine.
C'est
donc
avec
humour
qu'il
s'aventure
dans
les
sentiers
de
sable
mouvant
que
nous
suivons.
Son
esprit
d'observation
l'amène
à
découvrir
la
cruauté
des
adolescents
qui
font
ingurgiter
une
livre
de
beurre
à
une
fille
obèse.
Tout
y
passe
:
la
manie
de
dresser
des
listes,
les
réponses
téléphoniques
qui
nous
subjuguent
par
leur
formule
d'accueil
(Votre
appel
est
important),
la
peur
des
orages,
la
phobie
de
l'écrivain
qui
se
cherche
un
lecteur.
Normand
de
Bellefeuille
fait
ainsi
le
tour
des
insignifiances
qui
prennent
des
proportions
déraisonnables
au
point
de
gâter
le
plaisir
de
vivre.
Le
recueil
se
termine
comme
il
a
commencé.
À
la
mort
de
sa
grand'mère
s'ajoute
celle
de
sa
tante,
une
hypocondriaque,
dont
il
se
méfie
de
l'héritage
psychologique
qu'elle
pourrait
lui
léguer.
C'est
avec
tendresse
que
l'auteur
se
penche
sur
ces
maniaques
invétérés
qui
éprouvent
du
plaisir
à
s'empoisonner
l'existence.
Il
leur
prête
vie
grâce,
surtout,
à
son
écriture
merveilleuse.
Dépouillée
de
toute
afféterie,
elle
crée
presque
à
elle
seule
le
climat
qui
soutient
l'intrigue
au
même
titre
que
les
éléments
qui
composent
les
nouvelles.
C'est
assez
exceptionnel.
C'est
en
toute
humilité
et
en
toute
simplicité
que
Normand
de
Bellefeuille
explore
la
face
cachée
de
ses
personnages.
Si
la
découverte
est
intéressante,
on
ne
peut
en
dire
autant
de
son
importance
qui
fait
l'objet
du
dénouement.
Bref,
comme
les
contes
d'Alphonse
Daudet,
ce
recueil
aux
airs
estudiantins
baigne
dans
l'atmosphère
de
la
quotidienneté
qui
nous
forge
ou
nous
détruit.
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