Chalifour,
Nicolas.
Vu
d’ici,
tout
est
petit.
Éd.
Héliotrope,
2009,
214
p.
La
Vie
d’hôtel
Ce
premier
roman
fut
l’objet
de
scolies
élogieuses.
Jean
Fugère
de
Radio
Canada,
un
routier
aguerri
de
la
littérature,
a
été,
quant
à
lui,
«
complètement
séduit
».
C’est
suspect
qu’un
auteur
ait
évité,
semble-t-il,
toutes
les
faiblesses
d’une
première
œuvre.
On
loue
particulièrement
les
qualités
d’une
écriture
empruntée
à
la
naïveté
enfantine.
Caché
dans
un
hôtel,
le
héros
s’est
aperçu
que
«
les
salles
de
banquets
(d’un
hôtel),
c’est
même
plus
grands
que
les
cuisines
et
on
comprend
bien
pourquoi
ce
n’est
pas
juste
la
salle
du
banquet
comme
les
cuisines
qui
ne
sont
pas
juste
la
cuisine.
»
Même
si
Lorraine
Pintal
a
déclaré
que
«
ce
roman
se
lit
avec
aisance
»,
c’est
étourdissant
de
lire
214
pages
écrites
dans
cette
veine.
L’honnêteté
intellectuelle
exige
de
signaler
les
trouvailles
heureuses.
L’enfant
sait
«
jouer
un
tour
aux
yeux
de
sa
panse
en
attendant
de
trouver
de
la
croûte
à
casser.
»
Mais,
en
général,
l’écriture
ressemble
à
celle
d’un
philosophe
imitant
maladroitement
les
gaucheries
grammaticales
d’un
héros
narrateur,
qui
s’exprime
avec
un
ON.
Il
devient
indéfini
comme
le
pronom
qui
le
représente,
et
observateur
neutre
d’un
microcosme
hôtelier
favorisant
son
initiation
sociale.
Le
procédé
est
logique
et
habile,
qualités
que
noient
les
répétitions,
qui
ne
font
plus
sourire
tellement
elles
sont
nombreuses.
Les
protagonistes
ont
des
gros
yeux
«
avec
des
sourcils
qui
viennent
avec
»,
les
tables
ont
«
des
pattes
qui
viennent
avec
».
Répercuté
à
chaque
page,
l’élément
descriptif
perd
de
sa
saveur
humoristique.
Humour
qui
se
gâte
quand
le
narrateur
s’habitue
à
porter
un
dentier
perdu
«
après
avoir
tout
craché
les
petits
bouts
de
carottes,
de
haricots,
de
melons
et
de
lolos.
»
Y
avait-il
du
sein
rôti
au
menu
?
La
crédibilité
de
l’œuvre
laisse
filer
son
impact
quand
le
profil
psychologique
de
ce
petit
personnage
fantôme
l’établit
comme
un
voyeur
des
mœurs
sexuelles
du
personnel
et
des
clients
de
l’hôtel.
Sa
curiosité
l’identifie
davantage
au
désaxé
qu’à
celui
qui
s’initie
au
mythe
de
Sisyphe.
Et
le
vase
déborde
quand
il
conclut
ses
observations
par
un
«
Mangez
donc
d’la
marde,
mes
osties
!
»
Vus
sous
cet
angle,
les
travailleurs
de
l’hôtellerie
paraissent
petits
et
plutôt
pervertis.
Bref,
ce
projet
littéraire
révèle
le
manque
de
maturité
d’un
jeune
professeur
comme
auteur.
Il
allie
le
gongorisme
pour
s’imposer
à
la
vulgarité
racoleuse
des
humoristes
québécois.
La
thématique
est
traitée
avec
plus
d’à
propos
par
Guy
Lalancette
dans
Les
Yeux
du
père.
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