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Arbour,
Marie-Christine.
1.
Une
mère.
Éd.
Pleine
Lune,
2008,
120
p.
.
L'Enfer
au
féminin
Ce
roman
s’inscrit
dans
le
créneau
des
femmes
abandonnées
du
jour
au
lendemain
par
leur
mari
au
profit
d’une
plus
jeune.
Après
avoir
été
une
banlieusarde
de
Laval,
fière
d’être
mariée
à
un
homme
qui
a
réussi
dans
la
vie,
Madeleine
se
retrouve
seule
avec
sa
fille
Caroline,
la
narratrice,
dont
elle
a
la
garde.
Sa
situation
n’est
pas
unique,
mais
elle
n’en
est
pas
moins
accolée
à
la
pauvreté.
|
Pour
contrer
la
panade,
elle
est
prête
à
tous
les
sacrifices
pour
survivre
au
rejet
dont
elle
est
victime.
Elle
parcourt,
comme
une
agente
immobilière,
le
marché
des
cœurs
à
vendre.
Le
succès
de
l’entreprise
repose
sur
l’apparence.
Sa
victoire
contre
les
rides
et
les
poignées
d’amour
lui
mérite
un
second
mari,
un
notaire
avec
qui
elle
vit
les
affres
d’une
famille
reconstituée.
C’est
encore
l’échec
qui
la
projette
finalement
dans
les
bras
d’amants
d’infortune.
En
fait,
Madeleine
ne
conçoit
son
existence
qu’en
menant
une
vie
de
couple.
Mais
elle
est
consentante
d’intervertir
l’icône
maternelle.
Elle
s’éprend
d’un
Américain,
avec
qui
elle
mène
la
vie
primitive
des
hippies.
Comme
les
privations
pécuniaires
ne
sont
pas
son
fort,
elle
continue
d’essayer
de
réintégrer
le
rang
des
femmes
bien
argentées.
Elle
s’attache
indûment
à
sa
fille
pour
affronter
le
désert
qu’elle
ne
parvient
pas
à
traverser.
Une
alliée
complice
du
combat
d’une
mère
contre
l’adversité.
Le
roman
raconte
surtout
cette
fusion
malsaine
que
Caroline
réussit
à
maîtriser
sans
tomber
dans
le
piège
de
la
perversité
des
jeunes
filles
confinées
à
des
rôles
qui
les
dépersonnalisent
comme
l’a
montré
le
film
Survivre
à
sa
mère.
Sans
concession,
Marie-Christine
Arbour
décrit
la
géhenne
qui
attend
la
femme
occidentale
privée
de
l’attention
qui
assurerait
son
épanouissement.
Un
enfer
qui
étale
avec
pudeur
les
tripes
des
personnages.
L’auteure
est
respectueuse
des
sentiments
qu’elle
dévoile
en
dehors
de
tout
ordre
chronologique.
Dans
de
longues
associations
de
mots
du
plus
bel
effet,
ses
envolées
lyriques
surannées
s’égarent
dans
des
champs
sémantiques
vaporeux.
Bref,
le
roman
présente
une
femme
incapable
de
s’imposer
comme
égérie.
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2.
Drag.
Éd.
Triptyque,
2011,
183
p.
L'Amour
chez
les
travestis
Marie-Christine
Arbour
continue
son
investigation
du
champ
des
femmes
délaissées,
mais,
qui,
tout
de
même,
cherchent
l'âme
sœur.
Déçues
par
le
marché
des
cœurs
à
vendre,
elles
empruntent
souvent
des
sentiers
singuliers.
C'est
le
drame
de
Claire,
une
artiste
peintre
québécoise,
"
expulsée
de
l'enfance
"
dès
l'école
élémentaire
alors
que
ses
fantasmes
nourris
par
la
force
de
Claude
ont
été
trahis
quand
le
garçon
s'est
avéré
être
une
fille.
À
cet
âge,
l'androgynie
confond
les
sexes.
Déception
qui
a
mené
l'héroïne
à
se
travestir.
Drag,
le
titre
du
roman,
donne
le
sens
à
sa
quête
existentielle.
Une
femme
androgyne
à
l'assaut
de
l'amour
du
sexe
opposé.
Parviendra-t-elle
à
ses
fins
alors
que
la
voie
suivie
la
condamne
à
la
marginalité
?
On
peut
répondre
par
l'affirmative
sans
révéler
la
trame.
|
Emménagée
dans
le
quartier
des
paumés
de
Vancouver,
Claire
tente
de
séduire
Babouchka,
sa
voisine
de
balcon
habillée
d'une
grande
robe
noire.
La
marginalité
conduit
à
tous
les
excès,
voire
même
à
renier
son
orientation
sexuelle.
La
femme
en
question
native
de
la
Russie
est
un
grand
musicien
travesti.
Leur
rencontre
se
convertit
en
une
belle
histoire
d'amour.
Un
amour
entre
deux
asociaux
qui
s'assument
et
qui
sont
l'un
pour
l'autre
la
rédemption
attendue.
S'accepter
tel
que
l'on
est,
apprendre
à
lâcher
prise
et
à
ouvrir
son
corps
à
la
sexualité.
Mais
c'est
grâce
à
l'art
que
Claire
et
Nicolaï
vivront
ce
que
"
le
hasard
a
fait
de
leur
corps
",
et
que
le
destin
vient
de
rendre
sacré
par
un
amour
enfin
partagé.
L'auteure
a
moulé
cet
amour
en
respectant
le
contexte
social,
qui
a
façonné
son
duo
idyllique.
La
Russie
bolchévique
telle
que
vécue
par
Nicolaï
et
les
revers
de
Clarouchka,
devenue
la
femme
d'un
virtuose
à
qui
elle
se
soumet
bien
volontiers.
Reine
du
foyer,
mais
triomphante
avec
ses
pinceaux,
qui
la
délivrent
enfin
de
la
nécessité.
Paradoxe
tout
de
même
pour
un
couple
qui
avait
idéalisé
le
"
ne
rien
faire
"
en
guise
de
pied
de
nez
à
la
classe
bien
pensante.
Avec
un
fin
scalpel,
le
roman
fouille
la
psychologie
de
ces
amants,
nés
apparemment
pour
la
souffrance,
mais
qui
parviennent
à
en
faire
leur
force
devant
"
les
marins
profanes
".
Cette
analyse
est
fort
bien
réussie.
Si
le
bât
blesse,
c'est
au
plan
de
la
forme.
L'expression
scripturale
abuse
de
l'aphorisme
sans
compter
que
l'œuvre
est
fort
redondante.
Bref,
on
sent
trop
le
désir
d'atteindre
l'excellence.
Qui
trop
embrasse
mal
étreint.
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3.
Chinetoque.
Éd.
Triptyque,
2013,
224
p.
Soutien-gorge
et
Caleçon
Une
Montréalaise
vit
avec
sa
mère,
une
avocate
qui
se
révèle
être
une
complice
de
sa
fille.
Tout
semble
baigner
dans
l'huile
ou
presque.
Du
moins
le
tapis
du
bonheur
est
déroulé
pour
qu'Alice
le
foule
avec
plaisir.
Il
faut
se
méfier
de
l'avenir,
Après
avoir
obtenu
un
diplôme
en
lettres,
elle
se
retrouve
serveuse
dans
un
boui-boui.
Heureusement
le
destin
l'appelle
à
devenir
traductrice
de
dépliants
publicitaires,
en
particulier
ceux
des
organismes
qui
offrent
du
bonheur
patenté.
Mais
elle
se
retrouve
rapidement
à
l'autre
bout
du
Canada
quand
on
lui
propose
un
poste
similaire
à
Vancouver.
|
Un
boulot
assuré
n'est
pas
un
gage
de
réussite
personnelle.
Le
bonheur
se
conjugue
avec
un
partenaire
pour
soutenir
un
sujet
en
quête
d'un
destin
enviable.
En
fait,
c'est
le
verbe
aimer
qu'Alice
veut
conjuguer.
Elle
veut
passer
du
je
t'aime
au
nous
nous
aimons.
Son
orientation
sexuelle
peu
affermie,
elle
accepte
l'amitié
douteuse
d'une
collègue
intrigante.
Et
finalement
ce
sont
les
bras
d'un
musicien
qui
s'ouvrent.
Ouverture
parcimonieuse.
Elle
ne
fait
pas
le
poids
pour
contrebalancer
la
carrière
d'un
homme
qui
ne
connaît
que
la
forme
pronominale
du
verbe
aimer.
Elle
se
retrouve
gros
jean
comme
devant
avec
un
avortement
en
banque.
Un
fils
qu'elle
aurait
aimé
avoir
pour
souder
son
couple.
Mais
les
haruspices
lui
sont
favorables.
Comme
Alice
fréquente
le
quartier
chinois
de
Vancouver,
elle
découvre
les
petits
yeux
bridés
de
Will,
un
Chinois
qui
l'effraie
à
la
caisse
de
sa
boutique.
De
la
peur,
elle
passe
à
un
apprivoisement
prometteur.
Et
c'est
le
grand
amour.
Un
amour
qui
s'entortille
dans
le
dénuement
le
plus
complet.
L'oubli
de
soi
pour
devenir
l'autre.
Une
fusion
qui
fait
le
bonheur
de
celle
qui
aime
se
mouler
sur
autrui
au
point
de
vouloir
ressembler
physiquement
autant
que
spirituellement
à
son
amoureux.
Comme
pour
le
roman
Drag,
l'apparence
devient
les
prémices
de
l'amour.
Alice
coupe
ses
longs
cheveux
blonds
et
revêt
les
oripeaux
des
androgynes.
Mais
Will
n'a
pas
dit
son
dernier
mot.
Il
s'applique
à
ressusciter
la
féminité
de
cette
femme,
voire
à
accrocher
son
soutien-gorge
sur
un
crucifix.
Elle
lui
rend
la
pareille
en
exposant
un
de
ses
caleçons
dans
l'arrière-boutique,
qui
leur
sert
d'alcôve.
C'est
le
passage
obligé
des
amours
fricotées
par
l'auteure.
Mais
le
levain
qui
faisait
lever
la
pâte
de
Drag,
un
amour
entre
travestis,
s'est
quelque
peu
éventé.
La
magie
de
cette
dernière
œuvre
s'est
altérée
au
profit
des
redondances.
Chinetoque
n'est
pas
aussi
percutant
même
si
l'auteure
a
délaissé
les
aphorismes
pour
une
écriture
au
service
d'une
narration
plus
serrée
d'un
cheminement
amoureux
au
dénouement
débordant
de
sentimentalisme.
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4.
Trans.
Éd.
Triptyque,
2016,
241
p.
S'initier
à
la
féminité
Simone
de
Beauvoir
disait
que
l'on
ne
naissait
pas
femme,
mais
qu'on
le
devenait.
Trans
est
un
roman
qui
le
prouve
éloquemment.
Et
les
voyages
nombreux
de
Christine,
la
petite
héroïne,
contribuent
à
son
initiation
à
l'idée
beauvoirienne.
Comme
l'affirme
l'adage,
voyager
forme
la
jeunesse.
Peut-être,
mais
c'est
à
ses
risques
et
périls.
Qui
peut
proclamer
comme
Ulysse
que
ses
pérégrinations
l'ont
rendu
heureux
?
Il
n'est
pas
sûr
que
Christine
veuille
"
vivre
entre
ses
parents
le
reste
de
son
âge
",
comme
le
souhaitait
le
héros
de
Joachim
du
Bellay.
|
Née
d'un
père
physicien
et
d'une
mère
soucieuse
de
son
apparence
et
de
son
âge,
elle
accompagne
ses
parents
soi-disant
ouverts
d'esprit
à
travers
les
nombreux
déplacements
de
son
géniteur
souvent
invité
è
des
symposiums,
d'où
le
titre
Trans,
mot
latin
désignant
par
où
passe
l'initiation
de
la
jeune
protagoniste
de
dix
ans
au
début
du
roman.
Elle
vit
toutes
les
situations
possibles
d'autant
plus
que
ses
parents
la
laissent
souvent
seule
dans
des
grandes
villes
où
les
rencontres
ne
sont
pas
toujours
recommandables.
Ce
n'est
pas
la
sagesse
qui
les
étouffe
surtout
quand
ils
lui
demandent
de
quitter
l'hôtel
pendant
qu'ils
se
livrent
à
leurs
jeux
d'alcôve.
Que
peut
faire
une
fillette
seule
dans
une
rue
d'une
ville
étrangère
?
Elle
rencontre
à
Paris
un
pickpocket
et
une
transsexuelle
qui
la
ramène
à
l'hôtel
où
logent
ses
parents.
Aux
îles
Caïmans,
un
juif
rescapé
de
la
Shoah
la
prend
pour
une
nazie
à
cause
de
ses
cheveux
filasse.
Aux
États-Unis,
c'est
une
prostituée
qui
l'intéresse.
Ainsi
partout
où
elle
va,
son
expérience
de
la
vie
l'enrichit
avant
terme.
Elle
découvre
la
vie
sous
un
angle
peu
favorable
à
l'épanouissement
de
sa
personnalité.
Une
personnalité
qu'elle
veut
différente
des
adultes
qu'elle
fréquente
presque
par
obligation.
En
fait,
son
éducation
en
tant
que
femme
en
devenir
baigne
dans
une
atmosphère
malsaine.
Porter
sa
féminité
devient
une
tâche
ardue
quand
elle
examine
les
femmes
qui
lui
servent
de
parangons.
Sa
mère
et
sa
belle-mère
après
le
divorce
de
ses
parents
l'entraînent
dans
les
coulisses
de
la
superficialité.
Une
femme
se
doit
de
bien
paraître.
En
autres
circonstances,
c'est
sa
sensualité
que
l'on
veut
exploiter
pour
en
faire
un
jouet.
Comme
elle
ne
peut
se
jauger
auprès
d'adultes
aussi
abrutis,
il
ne
lui
reste
que
l'envie
de
ne
pas
grandir.
On
est
bien
loin
des
pensionnats
des
sœurs
qui
transmettaient
l'horreur
de
la
sexualité
à
leurs
élèves.
Mais
dans
un
contexte
très
profane,
on
peut
en
arriver
au
même
enseignement.
S'épanouir
n'est
pas
une
mince
affaire
surtout
quand
sainte
Maria
Goretti
n'incarne
pas
le
modèle
idéal.
C'est
un
beau
roman
sur
l'art
d'être
femme.
Un
art
difficile
car
il
doit
se
conjuguer
avec
les
révoltes
de
la
jeunesse
devant
un
monde
d'adultes
peu
exemplaires.
L'auteure
parvient
très
bien
à
illustrer
la
thématique
avec
une
plume
aérée
qui
ne
s'accroche
pas
dans
les
fleurs
épineuses
de
la
psychothérapie.
Elle
a
su
éviter
l'essai
romancé
en
transplantant
son
héroïne
dans
les
décors
de
divers
pays
où
elle
vit
différentes
aventures
fort
intéressantes.
De
la
France
aux
États-Unis
en
passant
par
l'Italie
avant
d'arriver
en
Martinique,
tous
les
territoires
sont
bons
pour
parachever
une
éducation
qui
n'est
pas
nécessairement
un
achèvement.
Ces
voyages
à
répétition
ne
laissent
voir
que
des
instants
de
vie
au
détriment
du
développement
de
la
personnalité
au
quotidien.
L'œuvre
sent
trop
la
recette
suivie
avec
application.
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