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Arsenault,
Mathieu.
Album
de
finissants.
Éd.
Triptyque,
2004,
142
p.
L'École
du
conformisme
Dans
Album
de
finissants,
des
jeunes
nous
indiquent
que
l'école
a
voulu
les
transformer
pour
les
adapter
aux
besoins
d'un
système
en
mal
de
gains.
En
somme,
il
semble
qu'elle
vise
moins
leur
bonheur
que
d'en
faire
des
copies
formatées
au
service
du
pouvoir
économique,
pour
le
plus
grand
plaisir
des
parents
préoccupés
par
le
succès
futur
de
leur
progéniture.
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L'œuvre
est
une
radiographie
du
cerveau
des
élèves
qui
réfléchissent
à
leur
quotidien
marqué
par
la
crainte
des
examens,
les
devoirs,
l'éveil
de
la
sexualité
et
le
ras
le
bol
des
contraintes.
L'école
ne
semble
pas
répondre
à
la
psychologie
de
sa
clientèle,
dont
la
candeur
et
le
romantisme
achoppent
sur
la
façon
unique
d'être
en
société.
Dans
ce
contexte,
plusieurs
ne
pensent
qu'à
quitter
la
compétition
gagnée
d'avance
par
les
meilleurs.
On
perçoit
donc
l'institution
scolaire
comme
la
fabrique
des
"
putes
du
savoir
"
au
profit
des
dirigeants.
Comme
à
vingt
ans
on
sait
refaire
le
monde,
Mathieu
Arsenault,
né
en
1976,
se
montre
très
iconoclaste.
Les
adultes
sont
responsables
de
tous
les
malheurs.
L'auteur
ne
fait
aucunement
allusion
à
la
réalité
souterraine
comme
le
"
taxage
",
la
drogue,
le
harcèlement,
la
violence,
voire
les
assassinats
redevables
souvent
aux
gangs
de
rue.
Le
point
de
vue
adopté
est
intéressant,
mais
il
évacue
l'impact
des
pairs
sur
ce
qui
se
vit
en
marge
des
objectifs
de
la
scolarité.
Si
l'auteur
prône
une
instruction
plus
appropriée
aux
besoins
des
jeunes
du
cours
secondaire,
son
écriture
suit
aussi
la
même
veine.
Chaque
réflexion
s'étale
sur
une
page
composée
d'une
seule
phrase
formulée
à
partir
d'une
grammaire
renouvelée.
Un
peu
à
la
manière
d'Édouard
Dujardin,
Mathieu
Arsenault
traduit
la
pensée
vagabonde
de
ses
personnages
dans
une
"
phrase
pas
articulable
"
pour
correspondre
à
la
fluidité
des
idées
qui
frappent
l'esprit.
La
technique
ne
représente
pas
un
obstacle
pour
les
envolées
poétiques
:
"
Il
fait
un
froid
académique
voyez
le
givre
sur
les
lignes
vides
les
pages
blanches
qui
s'empilent
pleurez
oiseaux
de
février
je
suis
un
gel
d'horaire
à
moi
tout
seul
[...]
tellement
il
gèle
tellement
il
neige
je
suis
la
nouvelle
norvège.
"
On
croirait
lire
du
Nelligan
auquel
certains
élèves
s'identifient
à
cause
de
leur
crainte
de
"
sombrer
dans
l'abîme
du
rêve
"
sous
la
houlette
des
"
marins
profanes
".
Malgré
la
forme
et
l'écriture
éclatées
qui
représentent
un
écueil
pour
le
lecteur
pressé,
le
roman
est
quand
même
une
analyse
juste
de
l'état
d'esprit
des
élèves
apparaissant
dans
tous
les
albums
de
finissants.
Comme
dans
Les
Plus
Belles
Années
d'Yvon
Paré,
Mathieu
Arsenault
a
adopté
leurs
points
de
vue,
au
détriment
cependant
d'une
intrigue,
pour
brosser
un
tableau
partiel
et
partial
de
la
fréquentation
scolaire.
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