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Harnois,
Jonathan.
Je
voudrais
me
déposer
la
tête.
Éd.
Sémaphore,
2005,
95
p.
Le
Suicide
d'un
ami
Environ
trois
cents
jeunes,
en
majorité
des
garçons,
se
suicident
chaque
année.
L'auteur,
Jonathan
Harnois,
né
à
Joliette
en
1981,
nous
rapporte
l'un
de
ces
tristes
incidents,
survenu
à
St-Sulpice,
"devant
le
fleuve,
à
la
vue
de
tous.
Comme
ça,
dans
le
petit
stationnement
tout
près
du
quai.
Comme
ça,
en
face
de
l'église
où
dieu
dormait
les
poings
fermés".
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Les
protagonistes
masculins
étudient
au
cégep
et
travaillent
les
week-ends
comme
gardiens
de
nuit
dans
une
usine,
où
ils
guettent
"
un
squelette
aux
artères
innombrables,
allant
et
venant
sans
fin,
sur
les
tapis
de
poussière.
"
Bref,
ils
remplissent
"
un
sale
boulot
de
mort-vivant."
Dans
leur
"
banlieue
compacte
et
anonyme
comme
une
maquette
",
ils
sont
paralysés
par
"
la
sourde
immobilité
de
la
vie,
les
habitudes
irrémédiables,
les
cœurs
maquillés
et
les
yeux
de
plomb
rivés
sur
les
sols
immaculés
du
voisinage.
"
Pour
combler
leur
vide,
ils
recourent
à
des
béquilles
en
se
réunissant
dans
une
cabane
au
bout
d'un
champ
de
maïs
:
"
L'alcool
à
flot
dans
nos
jeunes
veines,
la
drogue
avalée,
les
corps
de
braise
qui
se
frôlent
et
font
voler
dans
la
nuit
d'automne
des
tisons,
de
l'euphorie.
"
Devant
ce
manque
de
perspective,
l'un
d'eux,
Félix,
attente
à
ces
jours,
laissant
son
ami
Ludovic,
qui
habite
L'Assomption,
dans
le
pire
des
désarrois.
On
reconnaît
facilement
dans
ce
roman
la
problématique
qui
ronge
la
jeunesse
d'aujourd'hui.
Comme
Patrick
Brisebois,
Jonathan
Harnois
attire
notre
attention
sur
les
malaises
vécus
par
l'âge
vert
dans
une
société
sclérosée
incapable
d'écouter
ses
premiers
balbutiements.
Quant
la
mort
d'un
ami
coïncide
avec
une
insertion
pénible
dans
le
monde
adulte,
le
cœur
connaît
un
survoltage
qui
risque
d'occasionner
un
dérapage
dans
le
passage
de
la
vingtaine.
Ludovic
entame
son
deuil
en
se
révoltant
contre
Félix
qui
l'a
laissé
tomber
sans
prévenir.
Ensemble,
il
se
sentait
moins
démuni.
Seul,
il
ne
sait
plus
où
déposer
la
tête.
Heureusement,
Andelle
assure
à
ses
côtés
une
présence
réconfortante
malgré
son
égarement.
L'attitude
de
sa
copine
favorise
un
cheminement
qui
débouche
sur
une
prise
de
conscience
de
ce
qu'il
est
lui-même.
Grâce
à
cette
épreuve,
il
apprend
à
mieux
se
connaître.
Il
réalise
qu'il
a
toujours
marché
à
côté
de
ses
pas
en
jouant
à
l'autruche.
Félix
a
mis
fin
à
la
comédie
en
se
suicidant,
et
Ludovic
en
se
réconciliant
avec
la
vie
et,
surtout,
avec
son
ami
dont
il
portera
dorénavant
le
chapeau.
Au
lieu
d'accuser
la
société
pour
ce
suicide,
le
jeune
auteur
dirige
son
sujet
vers
une
intériorité
qui
laisse
voir
notre
part
de
responsabilité
dans
les
malheurs.
À
24
ans,
il
manifeste
une
sagesse
exceptionnelle
qu'il
véhicule
avec
une
écriture
non
moins
particulière.
Empreinte
de
lyrisme,
elle
joue
brillamment
avec
la
langue.
Avec
cette
œuvre,
il
ne
faut
pas
s'attendre
cependant
à
la
profondeur
d'analyse
d'Andrée-A.
Michaud
dans
Le
Pendu
de
Trempes.
Bref,
c'est
un
roman
qui
se
tient
plus
près
des
tripes
que
de
la
philosophie.
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