Loignon,
Nathalie.
La
Corde
à
danser.
Éd.
La
Courte
Échelle,
2004,
154
p.
Une
enfant
du
divorce
De
nombreux
auteurs
ont
passé
aux
cribles
le
monde
de
l'enfance.
Que
l'on
pense
à
Claire
Martin
avec
Un
gant
de
fer
et
à
Sylvain
Trudel
avec
La
Terre
du
roi
Christian.
Les
enfants
ne
peuvent
pas
toujours
se
fier
aux
adultes
pour
vivre
en
toute
sécurité
affective.
Ils
doivent
souvent
compter
sur
leurs
propres
moyens.
Si
leurs
jeux
semblent
empreints
de
candeur,
ils
n'en
sont
pas
moins
signifiants
pour
dédramatiser
les
situations
auxquelles
ils
sont
confrontés.
Dans
un
contexte
perturbant,
les
toutous
ou
autres
objets
d'affection
jouent
un
rôle
stabilisateur
indéniable,
comme
la
poupée
d'Angéla
dans
le
roman
d'Isabel
Vaillancourt.
La
Cause
des
enfants
de
Françoise
Dolto
rappelle
qu'un
esprit
vierge
enregistre
tout
de
son
vécu.
La
réalité
est
réinterprétée
selon
des
grilles
oniriques
qui
laissent
les
enfants
perplexes.
C'est
le
cas
de
l'héroïne
de
La
Corde
à
danser
de
Nathalie
Loignon.
Le
titre
est
très
significatif
de
l'âme
enfantine.
Le
ludisme
relève
d'un
symbolisme
aussi
fort
que
la
tête
de
mort
affichée
sur
les
contenants
de
produits
toxiques.
La
fillette
de
ce
roman
livre
sans
linéarité
des
pans
de
sa
vie
d'enfant
du
divorce.
Une
vie
sans
amarres
à
laquelle
elle
tente
de
repérer
un
arrimage
acceptable.
Objectif
difficile
quand
on
doit
partager
la
solitude
d'une
mère
dépressive.
Mais
grâce
à
une
grand'mère
et
à
des
photos
abîmées,
elle
se
découvre
une
filiation
qui
l'enracine
à
un
monde
rural
et
aussi
à
la
condition
féminine
marquée
par
l'abandon.
Ce
n'est
pas
à
l'école
qu'elle
colmate
les
lacunes.
Elle
est
la
tête
de
Turc
de
ses
pairs.
Pour
suppléer
à
son
manque
affectif,
elle
s'attache
à
un
garçon
handicapé
qu'elle
est
obligée
par
son
institutrice
d'aider
aux
toilettes.
En
dehors
de
ce
monde
frappé
de
fortes
contingences,
elle
compte
un
père
vivant
en
Europe,
dont
elle
comble
l'absence
en
cultivant
certains
flashes
des
moments
heureux
qu'elle
a
vécus
avec
lui.
En
somme,
ce
roman
dresse
l'itinéraire
d'une
fillette
stoïque
qui
s'est
fait
voler
son
enfance.
En
respectant
l'âge
de
l'héroïne,
l'écriture
se
démarque
par
un
modernisme
très
étudié
qui
saura
autant
plaire
que
déplaire.
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