Latendresse,
Maryse.
La
Danseuse.
Éd.
Hurtubise
HMH,
2002,
154
p.
L'Art
d'aimer
et
l'Amour
de
l'art
Le
besoin
d'aimer
et
d'être
aimé
nous
suit
comme
un
boulet
jusqu'à
la
mort.
La
vie
épouse
le
parcours
du
désir
qui
mène
à
l'autre,
malgré
les
souffrances
qu'il
comporte.
Qui
s'y
frotte,
s'y
pique,
dit
l'adage.
Maryse
Latendresse
s'applique
à
le
démontrer
de
belle
façon.
Son
héroïne
Ana
est
une
ballerine
qui
vit
en
couple
avec
Louis,
un
romancier
qui
protège
jalousement
ce
qu'il
écrit
de
la
curiosité
de
sa
conjointe.
En
son
absence,
elle
en
profite
pour
feuilleter
les
carnets
de
son
dernier
manuscrit.
Déception,
elle
y
lit
une
histoire
d'amour
qui
lui
laisse
croire
qu'il
est
épris
d'une
autre
femme,
en
l'occurrence
son
professeur
de
danse.
Ce
canevas
laisse
apparaître
un
triangle
imaginaire,
marqué
par
la
rivalité.
Ana
veut
connaître
la
vérité.
Mais
son
cœur
ressemble
à
une
jungle
où
il
lui
est
facile
de
s'égarer.
Elle
reproche
à
son
amant
de
la
tromper,
et
sur
la
foi
de
cette
accusation
commence
un
cheminement
identitaire
qui
la
découvre
à
elle-même.
L'amour
ne
meurt
pas,
il
prend
forme
autrement.
C'est
ce
qu'Ana
apprend
auprès
d'Alina
Lith,
son
professeur
de
danse,
une
femme
de
40
ans.
Elle
sait
bien
se
servir
de
son
art
pour
exprimer
sa
sensualité
qu'elle
espère
enseigner
à
sa
protégée.
C'est
à
travers
le
corps
que
monte
le
désir
qui
mène
à
l'autre.
Et
la
danse
devient
ainsi
une
écriture
corporelle
aussi
significative
que
la
plume
d'un
bon
écrivain.
Mais
qu'advient-il
quand
l'art
franchit
les
portes
de
la
profession?
Comme
ballerine,
Ana
s'est
donné
la
mission
de
révéler
la
complexité
du
cœur
humain.
S'y
faisant,
elle
a
débroussaillé
le
sien.
Cette
percée
du
désir
exige
une
grande
attention
de
lecture
malgré
la
fluidité
de
l'écriture.
L'auteure
s'en
tient
aux
lois
qui
prédisposent
le
cœur
à
l'amour
sans
tenir
compte
des
particularités
de
ses
personnages.
La
matérialité
s'efface
au
profit
d'une
dimension
universelle
des
relations
humaines.
Cette
absence
réduit
l'œuvre
à
des
abstractions
que
Clara
Ness
avait
su
éviter
dans
Ainsi
font-elles
toutes,
un
roman
qui
porte
sur
un
sujet
connexe.
Maryse
Latendresse
a
plutôt
cherché
à
démontrer
comment
l'art
conduit
à
notre
humanité.
Elle
a
atteint
son
objectif,
créant
même
un
suspense
sur
l'issue
de
cette
vie
de
couple,
mais
trop
désincarnée
pour
que
nous
nous
y
attachions.
La
dualité
de
la
narration
accentue
ce
détachement.
Les
hypothèses
de
l'héroïne
empruntent
artificiellement
les
chemins
de
la
première
et
de
la
troisième
personne.
Le
"
il
"
ne
serait
qu'une
manière
de
camoufler
la
subjectivité
du
"
je
".
La
forme
brumeuse
de
ce
roman
ne
rend
que
plus
plastique
l'écriture.
La
mécanique
ravale
les
émotions
au
second
plan.
La
phrase
est
construite
comme
des
mouvements
de
danse.
Les
pas
de
deux
sont
regroupés
en
courts
syntagmes,
souvent
nominaux,
tandis
que
les
virevoltes
font
fi
de
la
grammaire
et
de
la
ponctuation.
Tout
est
bien
cadencé
pour
conférer
de
l'unité
à
ce
ballet
romanesque,
mais
au
détriment
d'une
recherche
plus
approfondie
des
motivations
qui
en
assurent
les
assises.
Il
en
résulte
quand
même
une
œuvre
intéressante,
qui
sent
l'imitation
d'un
parangon,
sur
l'art
d'aimer
et
sur
l'amour
de
l'art.
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