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Lemelin,
Roger.
Les
Plouffe.
Éd.Bélisle,
1948,
470
p.
Une
famille
ouvrière
de
Québec
des
années
1930-1940
La
Famille
Plouffe
de
Roger
Lemelin
est
un
roman
charnière
dans
notre
littérature
de
la
même
manière
que
Bonheur
d'occasion
de
Gabrielle
Roy.
Ces
deux
romans
publiés
au
cours
des
années
1940
situent
l'évolution
du
peuple
québécois
vers
des
préoccupations
extérieures
à
la
paroisse
à
laquelle
sont
rattachées
les
familles.
Évolution
du
microcosme
paroissial
replié
sur
lui-même
et
dominé
par
le
curé
et
la
mère,
sa
précieuse
auxiliatrice.
La
première
partie
du
roman
souligne
l'apport
des
femmes
dans
la
cohérence
du
peuple.
C'est
autour
de
la
table
que
chacun
reçoit
les
prescriptions
à
suivre
pour
que
la
honte
ne
rejaillisse
pas
sur
la
famille.
La
bouche
pleine,
il
est
bien
difficile
de
faire
valoir
son
point
de
vue
d'autant
plus
que
la
mère
prône
celui
du
curé.
C'est
ainsi
que
Joséphine
Plouffe,
détentrice
du
pouvoir
de
l'abbé
Folbèche
dans
son
foyer,
condamne
et
fustige
tout
son
petit
monde.
Mieux
vaut
rester
sous
sa
jupe
que
de
perdre
son
âme
en
allant
voir
si
le
gazon
du
voisin
est
plus
vert.
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La
deuxième
partie
amène
tout
ce
qui
vient
menacer
son
rôle
ancestral.
Les
familles
ouvrières,
dont
les
Plouffe
font
partie,
habitent
le
bas
de
la
falaise
de
la
ville
de
Québec,
et
les
plus
riches
président
du
sommet
à
sa
destinée.
Il
n'est
pas
question
de
mêler
les
classes
sociales.
Mais
un
jour,
plusieurs
événements
viennent
troubler
la
paix
paroissiale.
Napoléon,
l'aîné,
remporte
un
championnat
du
lancer
du
fer
à
cheval
contre
des
joueurs
de
la
Haute-Ville;
Guillaume,
le
benjamin,
se
fait
remarquer
par
un
entraîneur
américain
et
protestant
de
surcroît
parce
qu'il
excelle
au
base-ball.
Mais
quand
Joséphine
apprend
que
Cécile,
son
unique
fille,
fréquente
un
homme
marié,
c'est
le
comble
de
l'opprobre.
Cette
ouverture
sur
le
monde
est
renchérie
par
la
visite
du
roi
d'Angleterre
qui,
à
l'aube
de
la
Deuxième
Guerre
mondiale,
vient
sonder
le
cœur
des
Canadiens.
Il
apprendra
à
ses
dépens
que
les
Québécois
se
moquent
de
ses
soucis
quand
Guillaume
lancera
une
balle
de
base-ball
en
direction
du
cortège
royal.
Ce
sursaut
de
nationalisme
sera
vite
combattu
par
une
loi,
appuyée
par
le
Cardinal
Villeneuve,
obligeant
tous
les
Canadiens
célibataires
de
se
rendre
au
front
pour
défendre
sa
majesté
contre
les
visées
hitlériennes.
Le
réveil
de
la
population
aux
problèmes
mondiaux
est
sonné.
Jamais
la
vie
des
familles
québécoises
ne
sera
pareille.
Il
y
a
un
mécanisme
séculaire
qui
s'est
brisé.
On
s'est
incliné
devant
les
ordres
des
autorités
politiques
et
religieuses.
Ces
événements
ont
entraîné
une
ouverture
d'esprit
et,
surtout,
brisé
le
cœur
des
mères
qui
ont
perdu
leur
autorité
morale.
Quelle
déception
pour
Joséphine
d'apprendre
que
son
fils
Guillaume
est
devenu
un
meurtrier
au
sein
de
l'Armée
canadienne!
Elle
aurait
été
drôlement
plus
surprise
si
Ovide
lui
avait
lu
toutes
les
fredaines
de
son
frère
Guillaume,
contenues
dans
la
lettre
qu'il
lui
a
envoyée.
En
fait,
La
Famille
Plouffe
annonce
la
fin
de
l'époque
décrite
par
Louis
Hémon
dans
Maria
Chapdeleine
et
l'arrivée
d'une
société
plus
ouverte.
Pour
cette
œuvre,
Roger
Lemelin
a
énormément
travaillé
son
style.
Par
contre,
il
a
perdu
en
dynamisme
ce
qu'il
a
gagné
en
technique.
Au
pied
de
la
Pente
douce,
le
roman
précédent
de
cet
auteur,
débordait
de
fraîcheur
tandis
que
celui-ci
charrie
l'image
pessimiste
d'une
société
qui
a
perdu
sa
joie
de
vivre.
Il
faut
dire
qu'il
en
est
ainsi
quand
nous
vivons
un
moment
charnière
de
l'Histoire.
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