Contempteur
des
déviances
culturelles
de
la
nation
dont
il
est
issu,
il
juge
que
les
aspirations
québécoises
sont
nivelées
par
la
base.
L'instruction
est
devenue
une
risée.
Être
intelligent
est
une
tare
que
l'on
pointe
du
doigt.
Plus
personne
n'a
le
droit
d'être
bollé
(doué).
Tous
égaux,
tous
crétins.
Philippe
Arseneault
s'en
plaint
amèrement.
Il
dénonce
ceux
qui
se
font
tatouer
pour
ressembler
à
des
pièces
de
viande
estampillées
AA
dans
les
boucheries.
Il
ne
supporte
pas
non
plus
les
nombreux
festivals
qui
inondent
le
Québec
en
été,
tels
le
festival
du
cochon
de
Sainte-Perpétue,
le
festival
du
poulet
de
Saint-Félix-de-Valois.
Ces
réjouissances
célèbrent
moins
nos
origines
agricoles
que
notre
déconfiture
identitaire.
Le
héros,
Roé
Léry,
alter
ego
de
l'auteur,
est
professeur
au
pays
du
Soleil
levant.
Il
revient
au
Québec
pour
des
raisons
spécifiques.
Son
séjour
au
pays
des
twits
(couillons)
lui
donne
la
chance
de
se
vider
le
cœur.
D'abord,
son
éditeur
lui
a
ordonné
de
relancer
son
livre
Putrescence
Street
qui
a
connu
un
immense
succès.
Écrit
pour
plaire
aux
intellos
qui
carburent
au
franglais,
le
roman
est
d'une
ironie
que
personne
n'a
relevée.
On
y
a
vu
plutôt
la
célébration
de
notre
nord-américanité
déjantée.
Comme
les
invitations
à
tous
les
talk
shows
n'occupent
pas
entièrement
son
temps,
il
lui
en
reste
pour
assister
à
la
messe
commémorative
de
la
mort
d'un
ami
d'enfance
qui
s'est
suicidé.
Cet
événement
tragique
le
rapproche
de
ses
compatriotes.
Roy
Léry,
baveux
à
souhait,
a
quand
même
du
cœur.
Assez
pour
accompagner
son
père
pour
une
chasse
à
l'ours
qu'ils
attirent
avec
du
pop
corn
sucré.
Passage
délirant
qui
nous
repose
de
sa
hargne
habituelle.
'Mais
c'est
Catherine
Tremblay
qui
bénéficie
le
plus
de
l'attention
soudaine
qu'il
porte
à
ses
congénères.
Doctorante,
la
jeune
femme
paie
ses
études
comme
péripatéticienne.
Le
héros
l'a
connue
dans
un
lupanar
où
il
se
rendit
pour
satisfaire
le
manque
occasionné
par
l'éloignement
de
son
amoureuse
chinoise,
Meng
Wu,
qui,
d'ailleurs,
lui
envoie
un
courriel
pour
lui
annoncer
brutalement
qu'elle
renonce
à
son
amour.
Loin
des
yeux,
loin
du
cœur.
Roé
Léry
encaisse
le
coup
d'autant
plus
facilement
qu'il
a
deviné
que
sa
masseuse
se
servait
aussi
de
ses
mains
pour
rédiger
une
thèse
sur
Jeanne
Mance,
la
cofondatrice
de
Montréal
avec
Maisonneuve.
Ce
fut
suffisant
pour
lui
offrir
de
former
un
tandem
afin
de
retrouver
le
corps
de
la
sainte
femme
dévouée
au
service
de
la
colonie
naissante.
Une
femme
que
les
religieuses
ont
inhumée
dans
la
crypte
de
leur
hôpital.
Ne
s'y
rend
pas
qui
veut,
d'autant
plus
que
l'on
a
conservé
son
cœur
dans
le
formol
à
l'abri
des
regards
fouineurs.
Leurs
péripéties
invraisemblables
pour
atteindre
le
tombeau
de
Jeanne
Mance
composent
le
cœur
du
livre.
Ça
donne
un
récit
palpitant
qui
nage
au
milieu
d'interdits
multiples.
Réussiront-ils
à
naviguer
au
milieu
des
récifs
?
Voilà
le
dilemme.
L'aventure
soulève
le
questionnement
de
Roé
Lévy.
Sa
fréquentation
assidue
d'une
étudiante
qui
se
prostitue
l'incite
à
se
situer
face
aux
femmes.
Qui
sont-elles
pour
lui
?
S'enchaînent
alors
une
analyse
du
comportement
de
l'homme
contemporain
à
l'égard
du
monde
féminin.
Comme
il
dénigre
ses
semblables
à
tous
égards,
il
est
en
quête
d'une
vérité
qui
le
fera
grandir
en
amour.
Y
arrivera-il
?
Un
autre
dilemme.
L'auteur
mène
de
front
les
deux
quêtes
avec
brio.
Qui
vainc
sans
péril,
triomphe
sans
gloire.
Ça
ne
s'applique
pas
au
héros.
Tout
le
torture.
Il
voudrait
bien
refaire
le
monde,
mais
sous
l'angle
de
la
culture
chinoise.
Philippe
Arseneault
l'illustre
de
belle
façon
dans
une
langue
qui
imite
l'oralité
et
qui,
parfois,
transcende
la
mollesse
linguistique.
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