Landry,
François.
Moonshine.
Éd.
La
Courte
Échelle,
2007,
308
p.
L'Obscurantisme
du
Moyen
Âge
reprend
du
service
François
Landry
campe
son
dernier
roman
dans
le
Montana,
un
état
peuplé
de
paysans.
Le
héros,
David
Morisson,
vit
justement
sur
une
ferme
d'élevage
porcin.
Ayant
perdu
son
père
et
sa
mère,
il
doit
affronter
une
belle-mère
lubrique
qui
multiplie
les
humiliations
pour
le
subordonner
à
ses
caprices.
Leurs
relations
malsaines
génèrent,
chez
cet
adolescent
au
pied
bot,
une
haine
funeste
comme
dans
La
Belle
Bête
de
Marie-Claire
Blais.
Le
premier
volet
de
ce
triptyque
évoque
la
conduite
de
cette
mégère,
qui
profite
de
sa
situation
d'autorité
pour
le
maltraiter
et
pour
en
abuser
sexuellement.
Complètement
désorienté
par
ces
expériences
malheureuses
alors
qu'il
s'initie
à
la
vie
adulte,
David
choisit
le
meurtre
comme
solution
à
son
dilemme.
Le
roman
s'enracine
dans
une
humanité
primaire,
dont
le
manichéisme
se
traduit
par
la
loi
du
talion
:
le
mal
pour
combattre
le
mal.
Le
second
volet
fouille
l'amont
de
cette
belle-mère
mystérieuse.
D'origine
allemande,
mariée
à
un
Antillais,
elle
donne
naissance
à
une
fille
à
Porto
Rico
avant
de
divorcer.
Au
Montana,
ses
activités
sont
tout
aussi
variées
que
le
périple
de
sa
vie.
Elle
fabrique
d'abord
un
alcool
frelaté,
le
moonshine,
qu'elle
concocte
dans
un
alambic
construit
dans
le
sous-sol
de
la
maison.
Ce
qui
la
singularise
surtout,
ce
sont
les
potions
magiques
qu'elle
prépare
selon
les
recettes
des
sorcières
de
l'Antiquité.
Sa
filiation
remonte
à
ces
femmes
qui
ont
imposé
leur
pouvoir
avec
les
poisons,
les
élixirs
et
les
amulettes.
Moonshine
s'inscrit
dans
le
nouvel
intérêt
que
suscite
le
Moyen
Âge
avec
ses
alchimistes,
ses
astrologues
et
tous
ceux
qui
ont
pris
les
vessies
pour
des
lanternes.
La
femme
apparaît
ainsi
comme
un
obstacle
freudien
sur
la
route
de
David.
Même
Anna,
la
fille
de
la
belle-mère,
qu'il
aurait
pu
aimer,
ne
peut
le
rapprocher
du
monde
féminin.
Il
lui
reste
une
planche
de
salut
:
son
talent
pour
la
peinture.
Comme
nul
n'est
prophète
dans
son
pays,
c'est
à
New
York
qu'il
recevra
la
confirmation
de
son
don.
En
résumé,
il
s'agit
d'une
quête
d'identité
dans
la
mouvance
d'une
femme
désireuse
de
s'approprier
la
destinée
d'un
adolescent
amoindri
par
son
infirmité.
Le
contexte
entourant
le
cheminement
de
David
se
glisse
à
travers
une
enquête
policière
à
peine
ébauchée,
qui
ne
débouche
pas
sur
son
arrestation,
mais
plutôt
sur
une
société
déchue,
menacée
de
basculer
dans
l'obscurantisme
du
Moyen
Âge.
Moonshine
suit
la
recette
à
la
mode
du
jour
:
un
univers
glauque
où
se
mêlent
violence,
fantasy
et
lubricité.
Comme
Michael
Delisle
dans
Dée,
François
Landry
trace
le
portrait
des
éleveurs
de
porcs
dont
la
sexualité
exacerbée
calque
la
mauvaise
réputation
de
leurs
animaux.
Hormis
la
lubricité
sordide,
il
reste
que
c'est
un
roman
bien
ficelé,
voire
instructif,
qui
s'adresse
aux
mordus
de
Patrick
Senécal
ou
aux
lecteurs
en
quête
d'une
initiation
sexuelle
dans
un
bain
de
purin.
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