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Arcand,
Nelly.
Paradis,
clef
en
main.
Éd.
Coups
de
tête,
2009,
216
p.
L’Instinct
suicidaire
La
dualité
entre
Isabelle
Fortier
et
Nelly
Arcan
a-t-elle
pris
fin
avec
la
mort
d’une
auteure
médiatisée
à
outrance
?
Réjean
Ducharme
a
choisi
la
retraite
fermée
pour
se
débarrasser
de
son
image
de
vedette
littéraire.
Dans
un
cas
comme
dans
l’autre,
leur
examen
de
la
vie
est
éclipsé
par
un
voyeurisme
agaçant,
qui
travestit
les
auteurs
en
reliques
à
vénérer
dans
une
châsse
comme
le
cœur
du
frère
André.
En
fait,
Nelly
Arcan,
pseudonyme
d’Isabelle
Fortier,
a
servi
de
miroir
afin
que
cette
dernière
se
voie
à
travers
les
images
peu
flatteuses
que
son
double
faisait
miroiter.
Images
qui
l’acculèrent
à
une
introspection
fatale.
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Son
dernier
roman
dissèque
cette
duplicité
morbide
en
reproduisant
le
parcours
d’Antoinette
Beauchamp,
désireuse
de
porter
atteinte
à
ses
jours
en
recourant
à
Paradis,
clef
en
main,
une
entreprise,
qui
agit
comme
Big
Brother
en
proposant
des
activités
ludiques
pour
que
leurs
clients
réussissent
leur
suicide.
Pourquoi
vivre
quand
chaque
jour
est
un
pas
vers
le
tombeau
?
Les
fins
dernières
sont
au
cœur
d’un
propos
vrillé
aux
problèmes
relationnels
de
l’héroïne
avec
sa
mère,
une
«
merde
»
manipulatrice
obsédée
par
l’apparence.
Elle
nourrit
à
l’égard
de
sa
génitrice
des
sentiments
exprimés
à
travers
une
finitude
qu’évoque
le
vocabulaire
scatologique.
Merde
et
vomissure
résultent
d’un
processus
d’élimination,
caractéristique
des
fonctions
du
corps.
Un
corps
qui
n’est
plus
un
objet
de
désir
à
modifier
pour
mieux
séduire.
C’est
plutôt
un
boulet
pénible
à
traîner,
dont
il
faut
se
débarrasser
sans
chercher
à
lancer
de
messages.
En
somme,
Antoinette
est
entrée
dans
une
dynamique
de
mort
qu’a
alimentée
un
oncle,
qui
est
passé
à
l’acte
suicidaire
grâce
à
Paradis,
clef
en
main.
Elle
lui
emboîte
le
pas
quelques
années
plus
tard
pour
échapper
à
un
mal
de
vivre
apparenté
à
celui
de
Holden
Caulfield
dans
L’Attrape-cœurs
de
Jérôme-David
Salinger,
Heureusement,
le
dénouement
accorde
à
son
héroïne
d’être
atteinte
par
la
grâce
en
croisant
le
chemin
de
Damas.
Mal
révisée
par
l’éditeur,
cette
œuvre
psychanalytique,
organisée
avec
des
paragraphes
et
une
ponctuation
que
l’auteure
ne
maîtrisait
pas
pour
ses
romans
antérieurs,
livre
les
tripes
d’une
femme,
dont
le
salut
lui
a
épargné
le
fatum
tragique
de
sa
créatrice,
une
auteure
qui
disposait
d’un
magnifique
don
de
conteuse.
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