Paul-André Proulx

Littérature Québecoises

Apostolska, Aline.

Tourmente. Éd. Leméac, 2000, 153 p.

Une artiste peintre en quête d'identité

Il n'existe pas de collection Que sais-je pour répondre au qui suis-je des nombreux personnages de romans. Ce n'est pas nécessairement du narcissisme que de vouloir connaître la réponse. Elle est plutôt le fondement de la raison de vivre, surtout si l'on est un exilé. C'est le cas du personnage de Tourmente d'Aline Apostolska, écrivain d'origine yougoslave vivant au Québec.

Son héroïne Iara est une artiste-peintre, qui habite en France avec son mari et ses deux fils. Invitée à Montréal dans le cadre d'une exposition de ses tableaux, elle va vivre une expérience troublante annoncée par des signes avant-coureurs. Malgré ses 36 ans, elle est blasée et doute de l'orientation qu'elle a donnée à sa vie. Elle se remet totalement en question. En fait, elle ne se sent pas elle-même en tant que mère, épouse et artiste. Elle est en attente du moment propice pour ouvrir les vannes en amont de sa vie. Et c'est au cap Tourmente, près de Québec, que son passé émergera à travers un violoniste, le premier amour de sa vie avec qui elle partage un lourd secret qui la ronge depuis vingt ans et dont elle veut se débarrasser.

Ce roman psychologique et intimiste est une méditation sur l'enfance, l'identité, l'amour et la mort. En somme, les principaux thèmes autour desquels tourne toute vie humaine. L'héroïne perturbée par une crise existentielle aiguë puisera en elle toute la force nécessaire pour combattre les démons qui la retiennent au pilori de son passé. L'auteur a écrit une œuvre crédible parce que c'est une présentation honnête de l'exil vécu au féminin. Par contre, elle a choisi une forme révolue pour nous sensibiliser à la dynamique qui tourmente les expatriés. Le romantisme servi à l'ancienne rappelle le ragoût de nos mères, plat devenu indigeste depuis l'avènement de la poutine.